Retour sur la représentation des malades au G8-2009

Entretien avec Fogué Foguito de Positive Génération

Publié le 29 juillet 2009 sur OSIBouaké.org

OSI Bouaké, 29 juillet 2009

Fogué Foguito, président de Positive Generation (Cameroun), et Simon Kaboré, coordinateur du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME, Burkina Faso), représentaient la société civile du Sud au dernier G8 qui s’est déroulé du 8 au 10 juillet 2009 à L’Aquila en Italie. Ils portaient la voix des malades (VIH  , tuberculose, malaria) et demandaient en leur nom davantage de financements pour le Fonds Mondial [1]

Simon Kaboré et Fogué Foguito au G8

Fogué Foguito a accepté de revenir sur ce sommet et de répondre aux questions d’OSI Bouaké et nous le remercions pour sa fidélité.

OSI Bouaké : Savez vous comment et qui a décidé que les malades seraient représentés au G8 ? dans quel but ? avec quelles missions ?

Fogué Foguito : Merci pour votre question qui nous amène à apporter des éclaircissements sur notre participation au dernier sommet du G8. Personne (aucune instance mondiale ou internationale) n’a décidé de notre participation à ce sommet. Je peux dire que nous nous sommes invités au G8. Ceci dans le cadre d’une campagne pour le renflouement du Fonds Mondial de lutte contre le VIH  , la Tuberculose et le Paludisme, qui a besoin aujourd’hui de plus de 3 milliards de $ afin de pouvoir répondre aux sollicitations. Donc nous nous sommes invités dans le cadre de la campagne Remind the Gap, grâce à un appui logistique et financier de AIDES et Act Up Paris  .

OSI Bouaké : Les discussions sur le VIH  /SIDA   étaient elles focalisées sur le financement du Fonds Mondial ? Quels étaient les autres thèmes abordés ?

Fogué Foguito : Aucune discussion n’a été focalisée sur le financement du Fonds Mondial de la part des dirigeants du G8, comme je l’ai dit plus haut, nous nous sommes invités car les thèmes à l’ordre du jour étaient l’économie et le climat. Notre mission était justement d’amener ces dirigeants du G8 à échanger et prendre des décisions pour le financement du Fonds Mondial.

OSI Bouaké : Vous vous dites déçus [2] par le contenu et choqués par l’accueil qui vous a été réservé... A quoi vous étiez-vous préparés ?

Fogué Foguito : Notre déception vient du fait que nous pensions à tord que ces messieurs du G8 allait entendre nos cris de détresse et à travers nous ceux des millions de malades dans le monde qui vivent et ont foi en l’avenir grâce aux financement du Fonds Mondial. Pour l’accueil, c’était trop "militarisé", trop de "check point".

OSI Bouaké : Étiez vous inclus dans un dispositif de pression plus global ? Y a t il eu des synergies avec d’autres représentants du Sud ? Des politiques ? Quels étaient vos moyens d’actions ?

Fogué Foguito : Sur le site du sommet non parce qu’il y avait pas d’autres activistes ou associations signataires de la Campagne Remind the Gap. Mais en back-up c’est toute une équipe qui était mobilisée à AIDES, Act Up Paris   (en France), au RAME (Burkina Faso) et à Positive-Generation (au Cameroun). Oui il y a eu quelques actions avec d’autres représentant du Sud notamment une conférence de presse et plusieurs communiqués de presse communs. Notre principal moyen d’action était les médias pour porter notre message.

OSI Bouaké : Quels ont été les obstacles rencontrés ?

Fogué Foguito : Le principal obstacle aura été la non-inscription du financement du Fonds Mondial dans l’ordre du jour des discussions du G8. Pour le reste c’était des obstacles inhérents à ce genre d’évènement et aussi la difficulté à amener les médias à parler des problèmes de santé et non se focaliser exclusivement sur l’économie, le climat et l’Iran.

OSI Bouaké : Quel aurait été selon vous un scénario positif ?

Fogué Foguito : La décision de renflouer le Fonds Mondial afin qu’il puisse jouer pleinement son rôle comme ils l’ont fait pour le FMI.

OSI Bouaké : La présence des malades au G8 a été annoncée dans les médias. Au regard de votre déception, avez-vous l’impression d’avoir servi d’alibi ou tout au moins de symbole ?

Fogué Foguito : Nous ne pouvons pas parler d’alibi, car il faudrait le faire si les forces étaient les mêmes, mais nous croyons avoir donné le meilleurs de nous même... plus que de notre mieux. Comme symbole, nous avons réussi à interroger le Président Sarkozy sur la question du financement du Fonds Mondial, nous avons fait le direct au journal de 12h de BFMTV et dans d’autres médias comme RFI, France 24, ce qui n’est pas petit, puisque nous avons pu introduire la question du financement du Fonds Mondial dans les papiers de ces médias.

OSI Bouaké : Avec un peu de recul à quelles conclusions êtes-vous parvenus ? De quelle manière selon vous peut-on se confronter efficacement à un tel dispositif ?

Fogué Foguito : Nous sommes parvenus à la conclusion qu’il faudra être plus incisif et que les acteurs doivent très vite prendre conscience du danger encouru par le non-financement du Fonds Mondial. Pour lutter contre le dispositif qui a été mis en place, il faut aussi occuper les espaces médiatiques et être plus nombreux et surtout mieux se préparer la prochaine fois.

OSI Bouaké : Pour conclure cet entretien, avez vous quelque chose d’autre à ajouter ?

Fogué Foguito : Oui, que c’est la première goutte d’eau que nous avons versé dans la bouteille, nous allons continuer jusqu’à ce que la bouteille se remplisse, car c’est de nos vies qu’il s’agit.

  • Contact : Fogué Foguito - Positive-Generation - PO Box : 10087 Yaoundé-Cameroon - Email : ffoguito@yahoo.fr

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[1] voir notre article : Au G8, relançons le Fonds mondial contre le sida...

[2] voir l’article de Rue 89 : Fonds mondial contre le sida : le G8 est fini, nous sommes déçus...