Kenya : Pas de conseils pour prendre soin des enfants séropositifs

Publié le 28 juin 2009 sur OSIBouaké.org

Nairobi, 26 juin 2009 - PlusNews - James Samo [1] éprouve de plus en plus de difficultés à éviter les questions persistantes de Mary, sa nièce de six ans dont il s’occupe, la petite fille lui demandant par exemple pourquoi elle doit prendre des médicaments antirétroviraux tous les jours alors qu’elle ne se sent pas malade.

« Comment puis-je lui expliquer ? Même si je trouve le courage de le faire, quel en sera l’impact sur sa vie ? C’est une question qui me hante », a-t-il dit à IRIN/PlusNews.

Selon les estimations, jusqu’à 170 000 enfants vivent avec le VIH   au Kenya, ce qui implique que de nombreux parents et tuteurs sont confrontés aux mêmes difficultés que M. Samo, et pourtant ils reçoivent très peu, voire pas, de conseils pour les aider dans leur tâche.

« Ceux qui s’occupent des enfants sont confrontés au dilemme de savoir comment révéler le statut… aux enfants [séropositifs], et à qui [d’autre en parler]. Faut-il… le révéler aux enseignants ? Serait-ce enfreindre le droit [des enfants] à la confidentialité ? Qui doit donner son accord pour qu’un enfant, disons de 15 ans, soit dépisté ? Est-ce la personne qui s’en occupe, ou l’enfant lui-même, et que dit la loi ? », a noté Mabel Ngoe Takona, coordinatrice VIH  /SIDA   pour l’Afrique à ActionAid, une organisation internationale de lutte contre la pauvreté.

Les gouvernements devraient aussi élaborer des politiques sur cette question de la révélation du statut de l’enfant, qui prennent en compte les normes sociétales, a-t-elle suggéré.

« Les parents et autres tuteurs… devraient pouvoir [participer à] des forums de formation… sur la manière dont [on peut] s’occuper de ces enfants », a noté M. Samo, qui s’occupe de Mary depuis que les parents de la petite fille sont morts, et vit à Dandora, un quartier informel de Nairobi, la capitale kényane. « Comment puis-je lui expliquer ? Même si je trouve le courage de le faire, quel en sera l’impact sur sa vie ? C’est une question qui me hante »

Le rapport de progrès 2008 présenté par le Kenya lors de la Session spéciale des Nations Unies sur le sida   a noté que le soutien psychosocial lié aux enfants et la sensibilisation sur le rôle des personnes qui s’en occupaient – souvent les grands-parents – était faible. Ces personnes en charge des enfants doivent aussi gérer la stigmatisation et la discrimination de leurs pairs, y compris les travailleurs de la santé.

« C’est difficile de surmonter [les problèmes] parce que les gens disent que mon enfant paie le prix de mon vagabondage sexuel », a dit Diana Wairimu, une mère célibataire de Dandora. « Elle ne peut même pas jouer avec les autres enfants ici, parce qu’ils [les adultes] pensent qu’elle va infecter leurs enfants ».

Savoir, et pouvoir, parler

Il existe d’autres problèmes d’ordre pratique. Zaina Jamah, conseillère pour l’organisation médicale internationale Médecins sans frontières, a expliqué que s’assurer de la bonne observance du traitement était crucial et ne pouvait être délégué.

« Les personnes qui s’occupent des enfants sont souvent confrontées à d’autres obligations [comme travailler tard], donc… les enfants… [ne reçoivent pas] leur traitement », a-t-elle dit.

« Si la stigmatisation dans la société était combattue de manière appropriée, alors les personnes en charge des enfants pourraient tout simplement les confier aux soins de quelqu’un », a dit Mme Jamah.

L’une des manière d’alléger le fardeau serait d’encourager les personnes qui s’occupent des enfants à demander conseil sur les moyens délicats et appropriés de révéler le statut sérologique d’un enfant, que ce soit à un enfant séropositif plus âgé ou à un proche de confiance, qui pourrait venir en aide au tuteur principal lorsque ce dernier est absent.

Pourtant, de tels conseils ne sont pas faciles à obtenir. Les travailleurs de la santé et les conseillers en pédiatrie sont en sous-effectifs ; d’après le Programme national de lutte contre le sida   et les infections sexuellement transmissibles, seuls 1 800 travailleurs de la santé au Kenya ont reçu une formation en VIH   pédiatrique.

« La formation en termes de conseils aux enfants infectés au VIH   a été rudimentaire », a dit Diana Mburu, infirmière à l’unité pédiatrique de l’hôpital national Kenyatta, le plus grand hôpital de référence du Kenya, à Nairobi. « Il est important que le gouvernement assure une formation, pas seulement sur le traitement, mais aussi sur les moyens de conseiller ces enfants ».

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[1] (Un nom d’emprunt)