Le SNP lance une pétition pour dénoncer les affirmations et propositions concernant les psychologues dans le rapport Jouvin

Les politiques ont même réussi à énerver le Syndicat national des psychologues. Il fallait le faire...

Publié le 14 février 2009 sur OSIBouaké.org

Janvier 2009

Appel à pétition

La commission Couty a travaillé de juillet à novembre 2008 à la demande de Madame Roselyne Bachelot, Ministre de la santé sur « les missions et l’organisation des soins en psychiatrie et de la santé mentale ». Le 7 octobre 2008, elle a auditionné les syndicats et organisations professionnelles, dont la commission nationale Fonction publique hospitalière (FPH) du SNP. Nous avons rendu, lors de cette rencontre, des propositions écrites qui sont accessibles avec ce lien :

http://www.psychologues.org/Docs/FPH/SNP_Propositions_mission_Couty.pdf

C’est au moment où la mission Couty vient de terminer ses travaux, qu’un groupe de travail animé par M L Jouvin, Directeur du centre hospitalier spécialisé de Jury-les-Metz, a pris l’initiative d’adresser ses propres propositions pour la réforme de la psychiatrie, dans un rapport « Notes et propositions portant contribution aux travaux de la commission Couty ».

Le SNP dénonce l’intégralité des affirmations et propositions concernant les psychologues dans le rapport Jouvin rendu le 20 novembre dernier et appelle à signer une pétition pour s’élever contre ces propos inacceptables

Certaines affirmations contenues dans ce rapport sont délibérément dégradantes et mensongères :

Le rapport Jouvin affirme en effet que les psychologues agissent trop souvent « sans qu’un contrôle réel de leur activité soit effectué et sans que ce dernier s’inscrive dans un véritable travail d’équipe ». Il affirme également que « rien ne justifie qu’un tiers de leur temps soit consacré à des recherches jamais identifiées et à des formations trop souvent non contrôlées ».

Le rapport Jouvin s’inscrit ensuite en faux contre les termes du code de déontologie des psychologues, actuellement largement reconnu : « Il n’est pas rare qu’un psychologue se réfère à une orientation précise et ait de nombreuses difficultés à s’intéresser à d’autres techniques de soin que celles auxquelles il se réfère, voire à utiliser des outils pour lesquels, ou il n’a pas reçu la formation, ou dont il ne veut pas en faire usage ».

« Il n’est pas rare que tel ou tel chef de service se confronte à des refus d’exercice professionnel car non en adéquation avec les références théoriques de l’intéressé, ce qui est pour le moins regrettable »

Le rapport Jouvin affirme que la fonction FIR n’est pas du travail : « Leur singulier statut conduit à ce qu’il exerce deux tiers du temps ce qui interroge aujourd’hui ». « Rien ne justifie ce qu’il est convenu d’appeler le temps FIR »

D’autres affirmations visent à attaquer le statut du psychologue, sa responsabilité professionnelle et ses différentes fonctions et à vouloir faire de lui un professionnel paramédical :

« Tout acte réalisé par eux doit faire l’objet d’une prescription ou à tout le moins d’une validation sous forme de prescription médicale ».

Le SNP rappelle que :

Les psychologues sont des professionnels issus des sciences humaines et qu’à ce titre, ils apportent une analyse des processus psychiques qui ne relève pas uniquement de la pathologie.

Ils travaillent en mettant en œuvre des actions préventives curatives et de recherche auprès des patients, des familles, des équipes et des partenaires institutionnels et libéraux, le plus souvent pour des salaires dérisoires, tout en restant très attachés, dans leur pratique aux conditions éthiques et déontologiques qui sont les leurs.

Les psychologues travaillant en psychiatrie rendent compte d’une partie de leur activité clinique et institutionnelle, puisque celle-ci est inscrite dans les logiciels de recueil du RIMP (recueil d’informations médicales en psychiatrie). Comment pourrait-il en être autrement ? Une autre partie de leur activité échappe à toute comptabilité puisqu’elle n’a pas été prévue dans les logiciels.

Nombre de psychologues prennent l’initiative de rendre des rapports d’activité, soit individuellement, soit collectivement, et que ceux-ci sont souvent inclus dans les rapports d’établissement adressés aux tutelles.

La fonction FIR (Formation information recherche) est inscrite dans la loi (Article 2 du Décret 91-129 du 31 janvier 1991 modifié portant statut particulier des psychologues de la FPH) pour répondre aux besoins des établissements et des usagers en termes de conception et de qualité des prestations fournies par les psychologues. C’est un devoir éthique pour le respect de la dimension psychique de la personne humaine qui est un droit inaliénable. La reconnaissance de ce droit fonde l’action des psychologues.

Les psychologues font profiter les patients, les familles et l’institution du contenu de leur fonction FIR, que dans la plupart des cas ils financent eux-mêmes.

Les psychologues sont formés à proposer leur propre analyse des situations cliniques ou psychopathologiques, à contribuer au diagnostic et à proposer des indications de suivis et que ceci n’est bien évidemment pas compatible avec une simple fonction d’exécutant sur prescription.

Les différents acteurs travaillant en psychiatrie n’ont pas le même rôle et ne font pas le même métier et ceci constitue justement la richesse d’une approche dite « pluriprofessionnelle » auprès des patients, de leurs familles et de l’institution.

APPEL A PETITION :

Nous dénonçons l’intégralité des affirmations et propositions concernant les psychologues dans le rapport Jouvin rendu le 20 novembre 2008.

Nous appelons les Pouvoirs publics, madame Roselyne Bachelot Ministre de la santé, les responsables des services de son Ministère et monsieur Couty à dénoncer fermement les termes de ce rapport.

imprimer

retour au site