Accueil >>  Orphelins du sida, orphelins et enfants vulnérables (OEV) >>  Par pays

Au Malawi, le sida transforme les enfants en chefs de famille


Mots-Clés / Malawi

samedi 14 octobre 2006, 10h51

Par Isaac MANGENA

MWANZA (AFP) - Caroline Chileka, écolière malawite de 13 ans, a été contrainte de s’adapter très vite à son nouveau mode de vie après le décès de ses parents des suites du sida   : aller à l’école et, dans le même temps, prendre en charge ses quatre petits frères et soeurs.

Au Malawi, l’étendue de la pandémie, qui touche 14,2% de la population et a fait 700.000 orphelins, a une conséquence dramatique : le concept de famille élargie qui prenait en charge les orphelins tend progressivement à disparaître.

Comme dans nombre de pays d’Afrique australe, la zone la plus touchée au monde par le VIH  -sida  , les décès en série au sein d’une même famille contraignent souvent les enfants à assumer des responsabilité bien avant la fin de leur adolescence.

Pour Caroline, qui vit dans le province de Mwanza, dans le sud du Malawi, ce nouveau rôle imposé ne doit pas la détourner de son objectif : réussir ses études.

Avec l’aide de la Croix-Rouge, elle peut nourrir sa famille tous les jours, mais elle considère qu’elle ne peut s’arrêter là.

"J’essaye de vivre de façon positive, pour moi-même, mais aussi pour le bien de mes deux frères et mes deux soeurs", explique-t-elle. "Je rends des petits services à mes voisins pour pouvoir acheter des livres pour moi et pour mes frères et soeurs".

En dépit de cette farouche détermination affichée, les organisations d’aide aux orphelins du sida   savent qu’il est indispensable que des jeunes filles telles que Caroline puissent profiter de leur enfance et échapper, un peu, aux lourdes responsabilités placées très tôt sur leurs épaules.

Dans le cadre d’un programme mis en place par la Croix-Rouge du Malawi, Caroline participe à des sessions extra-scolaires : des exercices, combinés avec des cours de musique et de danse, lui permettent de gagner en autonomie.

"Chanter avec mon groupe me permet d’oublier mes problèmes à la maison", explique-t-elle.

Selon des responsables de la Croix-Rouge, les jeunes orphelines finissent fréquemment par se marier très tôt pour tenter d’échapper à la pauvreté.

Pour le Dr Mukesh Kapila, chargé de la pandémie au sein de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l’histoire de cette adolescente malawite est devenue presque banale.

"Nous devons redoubler d’efforts. Nous avons besoin de plus d’aide, à la fois en termes financiers et en termes de bénévoles", explique-t-il.

"Nous devons nous assurer que tous les enfants dans la situation de Caroline ont accès à des programmes qui leur permettent de vivre dans de meilleurs conditions", ajoute-t-il.

Selon lui, l’aide à ces jeunes orphelins en situation de vulnérabilité devrait être une priorité dans l’ensemble de l’Afrique australe.

"C’est une menace pour la stabilité, raison de plus pour laquelle les gouvernements devraient redoubler d’efforts et chercher activement des solutions. Le VIH   est devenu l’affaire de tous", ajoute-t-il.

Pour Caroline, le défi est quotidien. "C’est rude parfois parce que je n’arrive pas à me concentrer à l’école", explique-t-elle. "J’ai peur que les conditions dans lesquelles je vis ne ruinent mon avenir et que je ne sois contrainte d’abandonner l’école".


VOIR EN LIGNE : Yahoo News
Publié sur OSI Bouaké le jeudi 19 octobre 2006

 

DANS LA MEME RUBRIQUE