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Stromae est formidable !


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Stromae bourré crache sa bile dans son clip : buzz formidable et retour gagnant

NouvelObs - 29 mai 2013 - Par Olivier Cachin, spécialiste de rap et de hip-hop -

"Stromae serait-il alcoolique ?", "Est-ce que Stromae va bien ?"... Les internautes s’inquiétaient après la diffusion d’une vidéo montrant le jeune chanteur rwando-belge en mauvaise posture dans les rues de Bruxelles. Tout ceci était en fait orchestré par l’artiste lui-même pour la sortie de son nouveau single. Notre chroniqueur Olivier Cachin applaudit.

Stromae, absent depuis plus d’un an après un premier album tonitruant et une tournée qui en a stupéfié plus d’un, annonce son grand retour avec le single jacquesbrélien "Formidable". Tintintin !

Ça a commencé par un drôle d’écho. Plein de gens avaient croisé Stromae, et il n’allait pas bien. Il errait dans les rues de Bruxelles, vers l’avenue Louise et des caméras capturaient son désarroi, le filmaient se cognant sur les réverbères, manquant de se faire renverser par une voiture. Paul Van Haver, 28 ans, semblait avoir allumé les feux de détresse.

Leurre. Répétition d’un clip qui illustre cette chanson d’ivrogne, la plus superbement misogyne et noire depuis que Brel a avalé son bulletin de naissance. Car deux jours après ces dérangeantes images, c’est l’interprétation en exclusivité dans "Ce soir ou jamais", sous les yeux ébahis de Fred Taddéï et de ses invités, de ce "Formidable", qui ne doit que peu au "Formidable" de Charlie Oleg et du Professeur Choron sorti en 1994 et produit par Bertrand Burgalat.

Le désespoir ordinaire

Sur une de ses irrésistibles boucles stridentes, Stromae crache une bile amère, harangue une femme, étale son célibat tout frais qu’il vient de noyer dans l’alcool. Les mots qu’il lâche font mal.

"Et si maman est chiante, c’est qu’elle a peur d’être mamie. Si papa trompe maman, c’est parce que maman vieillit, tiens ! Pourquoi t’es tout rouge ? Ben reviens, gamin !"

Le dégoût de soi, l’amour brisé, le désespoir ordinaire. Et la haine refoulée. Comme une version chanson du "Sale Pute" d’Orelsan, comme un goût de cendre dans la relation maritale. Deux jours après le flash chez Taddéï, la vidéo arrive. Et on y retrouve Stromae dans Bruxelles, consolé par une passante, abordé par trois sympathiques flics fans qui se proposent de le ramener chez lui ("J’suis un grand fan, hein, j’tenais à te le dire", lâche un des policiers). Filmé en caméra cachée, regardé comme un singe, formidable de justesse.

Beau début de carrière

L’album ne sera là qu’à la rentrée. On en sait peu, mais on peut déjà dire qu’un titre traitera du cancer, avec des mots coupants comme un bistouri et un sens de la formule qui n’appartient qu’à lui.

Et on aura confirmation que le premier album n’était pas un accident heureux, mais le début d’une carrière.

Une autre vidéo traîne sur YouTube. Fake ou réelle, on penche pour la seconde solution. Un soir de février, Stromae mange un plat en Fiat 500 à Charleroi. Des relous viennent l’aborder sans tact, et lui demandent avec insistance de chanter "Alors On Danse". L’artiste décline poliment, et subit stoïquement les fâcheux.

"C’est quoi ça, Fiat 500 ? Et ça fait le caïd sur internet ! Me dis pas que t’as pas les moyens de t’acheter une méchante caisse, Stromae ! C’est bon le taboulé hein ?"

Un autre homme vient à sa rescousse. "Laisse-le, c’est un bon ! Laisse-le tranquille !" L’artiste remixé par Kanye West et numéro un dans plusieurs pays reste posé, il ne relève même pas sa vitre. Il attend patiemment. Montrant déjà, quelques mois avant son come-back, qu’il est un type formidable.


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Publié sur OSI Bouaké le mercredi 29 mai 2013



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