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« Pour les Burkinabés, tout ce qui importe c’est la paix »


Mots-Clés / Burkina

Libération - 18/04/2011 - Chloé Bossard

Laurent Compaoré*, 34 ans, est président de l’Association pour le développement communautaire, à Ouagadougou. Il raconte l’ambiance qui règne dans la capitale burkinabé après les mutineries et pillages de ces derniers jours.

« Les rues étaient complètement vides samedi. Les gens voulaient éviter les balles perdues. Mais à l’heure où je vous parle, presque tout est rentré dans l’ordre. Les pourparlers engagés hier avec l’armée, et le limogeage du gouvernement ont apaisé les esprits. Il peut arriver qu’on entende des tirs sporadiques à droite et à gauche, mais pas de quoi faire paniquer les habitants.

« Le couvre-feu, de 21h à 6h du matin, permet à la population de vivre à peu près normalement. Les gens le respectent car ils savent bien qu’ils ont intérêt à ce que le pays soit en paix. J’ai vu les burkinabés changer depuis quatre ou cinq ans. Il y a un véritable éveil des consciences. Ils commencent à comprendre ce qu’est la démocratie, ils veulent un Burkina meilleur.

« Ici les gens critiquent beaucoup Blaise Compaoré parce qu’il est là depuis 24 ans. Même s’il est contestable, je pense que c’est le meilleur président d’Afrique de l’Ouest, parce qu’il a apporté la stabilité. Nous n’avons aucune ressource naturelle : pas d’or, pas de diamants, pas de pétrole. Et pourtant les gens vivent dignement. Et quand on voit ce qui se passe chez nos voisins, la paix est tout ce qui nous importe. Mais je suis convaincu qu’il faut des réformes pour faire progresser la démocratie.

« Les burkinabés aident beaucoup l’armée »

« J’écoute RFI tous les jours, et j’entends ce que disent les journalistes français. C’est vrai qu’il y a eu des tirs à l’arme lourde et de nombreux pillages, mais pas du fait de l’armée. Lors du conflit en Côte-d’Ivoire, beaucoup de choses non controlées sont passées au Burkina Faso, dont des armes. Alors, les personnes qui les ont récupérées enfilent des uniformes, portent des blasons et se font passer pour des militaires pour piller les commerces. Plusieurs d’entre eux ont déjà été arrêtés.

« Evidemment, les militaires ne sont pas tout roses. Ils ont besoin de véhicules, puisqu’ils ne peuvent pas utiliser ceux de l’armée. Alors ils vont prendre des voitures dans les stations-service, mais ils les ramènent toujours après. D’ailleurs les burkinabés aident beaucoup l’armée. Vendredi, j’étais dans une station-service de Ouagadougou en même temps que des militaires. Ils se sont aperçus qu’un petit groupe voulait saccager les pompes à essence. Les gens qui étaient là se sont relayés pour faire la sentinelle jusqu’à 5 heures du matin !

« J’ai entendu que la France déconseillait de se rendre au Burkina Faso. Mais je ne pense pas qu’on ait déjà attaqué un expatrié. J’habite au centre-ville, et je n’ai rien vu de tel. Ici on protège les étrangers, parce que quand ils prennent l’avion pour venir, le seul fait qu’ils atterrissent est une chance pour notre pays. »

(*Aucun lien de parenté avec le président Blaise Compaoré.)


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 19 avril 2011

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