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L’ONU adopte une résolution contre l’excision



Le Nouvel Observateur avec AFP - 27-11-2012

Les mutilations génitales touchent des millions de femmes à travers le monde.

L’Assemblée générale de l’ONU   a adopté lundi 26 novembre sa première résolution dénonçant les mutilations génitales féminines qui affectent quelque 140 millions de femmes dans le monde.

Ces pratiques, dont l’excision, sont illégales dans une vingtaine de pays africains et en Europe ainsi qu’aux États-Unis et au Canada notamment, mais elles n’avaient encore jamais fait l’objet d’une condamnation à un tel niveau dans les instances de l’ONU  .

Plus de 110 pays, dont une cinquantaine africains, ont soutenu conjointement ce texte qui demande aux États membres de "compléter les mesures punitives par des activités d’éducation et d’information". Nous ne ménagerons aucun effort pour atteindre notre objectif : mettre fin aux mutilations génitales féminines en l’espace d’une génération. Aujourd’hui cet objectif est plus proche que jamais", a déclaré l’ambassadeur italien à l’ONU  , Cesare Ragaglini, l’un des principaux partisans de cette initiative.

Il a qualifié la résolution "d’outil très puissant" pour vaincre les réticences des pays à bannir cette pratique.

Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), les mutilations génitales féminines affectent entre 100 et 140 millions de filles et de femmes à travers le monde et cette pratique s’est étendue ces dernières années aux pays occidentaux en raison de l’accroissement des flux migratoires.

Les mutilations génitales féminines concernent toutes les interventions incluant l’ablation ou la lésion des organes génitaux externes de la femme, pratiquées pour des raisons culturelles ou religieuses.


L’ONU condamne l’excision

Interview de Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France

Figaro Madame - 27 novembre 2012 - Par Emeline Le Naour

On estime que 140 millions de femmes dans le monde sont victimes d’excision. L’ONU   s’est prononcée, lundi, en faveur d’une interdiction totale de cette pratique. La résolution va contraindre les pays à voter une loi ou à renforcer leur législation contre les mutilations génitales féminine. Pour Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France, cette décision est un signal fort.

Lefigaro.fr/madame - Que va permettre cette résolution votée à L’ONU   ? Qu’apporte-elle de plus aux lois contre la mutilation et la torture qui sont déjà en vigueur ?

Geneviève Garrigos. - Je tiens d’abord à préciser que ce sont les premiers concernés par ce fléau, c’est à dire les pays africains, qui ont présenté cette résolution à l’ONU  . Beaucoup d’états n’interdisent toujours pas l’excision comme l’Egypte, l’Algérie, l’Ouganda, la Somalie ou le Nigéria. D’autres ont déjà une loi la condamnant mais son application est rendue difficile par le poids de la coutume. Jusqu’à présent les pays occidentaux, dont la France, se servaient d’autres outils législatifs pour punir l’excision, notamment les textes relatifs aux violences faites aux femmes ou aux droits de l’enfant. L’adoption de ce texte aux Nations Unies est une victoire puisqu’il désigne spécifiquement l’excision comme une violation des droits de l’Homme. Les exciseurs ne pourront plus dire « c’est la coutume. »

« Les pays européens doivent être vigilants »

Cette résolution de l’ONU   peut elle vraiment changer les coutumes et les croyances liées à l’excision ?

Oui. Bien que la résolution ne soit pas contraignante en tant que telle, elle va permettre la mise en place de fonds pour monter des plans de prévention et d’éducation dans les pays signataires. C’est une priorité. Pour éradiquer l’excision il ne faut pas seulement punir mais aussi et surtout éduquer les populations. Amnesty International a par exemple lancé une campagne de prévention dans les villages du Mali. Accompagnés de médecins nous avons expliqué les conséquences dramatiques sur le corps des femmes de l’ablation du clitoris et d’autres parties génitales. Les risques sont graves : mort par septicémie, infections vulvaires, urinaires et gynécologiques, stérilité, douleurs lors de l’acte sexuel, déchirures du périnée lors de l’accouchement, fistules… Pourtant, on estime que 3 millions de femmes sont excisées dans le monde, ce qui représente 8 000 victimes par jour !

"Il ne faut pas seulement punir, mais aussi éduquer"

Y a t-il une augmentation des mutilations génitales en Europe ?

Environ 500 000 femmes souffrent des conséquences d’une excision en Europe mais aucun chiffre précis n’existe. On a pourtant observé une recrudescence des pratiques coutumières comme l’excision qui est liée au repli communautaire. Les états européens doivent être vigilants et extrêmement sévères avec le phénomène. Dans les pays d’origine, si une femme n’est pas excisée elle ne trouve pas de mari, puisqu’elle est considérée comme impure. En Europe, la mutilation vise à confisquer le plaisir de la femme. Mais contrairement aux idées reçues, l’excision n’est pas apparue en France avec l’immigration. Elle était déjà pratiquée au XIXe siècle pour « soigner » l’hystérie, la masturbation féminine ou le lesbianisme ! Cette pratique est directement liée à la domination patriarcale, c’est un acte de soumission total de la femme à l’homme.


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 11 décembre 2012

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