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Corne de l’Afrique : les enfants, principales victimes de la famine



Destination Santé - 1er Aout 2011 - La situation sanitaire dans la Corne de l’Afrique, est aujourd’hui gravissime. Il y a maintenant plusieurs semaines que la famine sévit en Somalie, mais également dans le nord du Kenya et en Ethiopie. La sécheresse, aggravée par l’instabilité politique de certaines régions et des déplacements massifs de populations, aggravent la situation. Plus de 800 000 personnes se sont réfugiées hors de leur pays, et 500 000 enfants au moins, souffrent de malnutrition. De malnutrition ou de dénutrition ? En fait il serait cliniquement plus exact pour désigner l’état physique des enfants et des adultes souffrant de la famine, d’évoquer une dénutrition. Toutefois, « la communauté humanitaire internationale utilise le mot malnutrition depuis des décennies. Le terme GAM, pour Global Acute Malnutrition (extrême malnutrition globale) correspond à une échelle dans la situation de crise alimentaire à laquelle nous nous référons », nous explique Lynnda Kiess, experte en nutrition pour le Programme alimentaire mondial (PAM). A terme, les risques pour la santé de ces petits sont bien réels.

« A court terme, la famine rend ces enfants plus vulnérables aux maladies. Et bien entendu elle augmente le risque de mortalité », souligne-t-elle. Et chez ces petits, les périodes de maladie sont longues et persistantes. « Un épisode de diarrhées chez un enfant bien nourri, dure en général deux ou trois jours. Ensuite il guérit. Un enfant malnutri peut souffrir de diarrhées pendant une voire deux semaines. Et s’il n’en meurt pas, la malnutrition diminue sa capacité de récupération. De la même manière, la maladie l’empêche de se nourrir à nouveau correctement. C’est un cercle vicieux ».

Lorsque ces enfants ne meurent pas de faim donc, leur état de santé général est durablement dégradé. « Leur croissance est impactée. Leur développement cognitif et immunitaire est également freiné ». Ces graves problèmes de santé sont également valables pour les enfants à naître dont les mères ont souffert de malnutrition pendant leur grossesse. « Ils présentent un risque plus élevé de maladies chroniques telles que le diabète ».

Des besoins nutritionnels massifs

Un enfant a besoin de bien plus d’apports nutritionnels qu’un adulte. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il se développe dans le ventre de sa mère et jusqu’à l’âge de 2 ans. « Nous appelons cette phase la ‘fenêtre des opportunités’. Elle dure environ 1 000 jours », indique Lynnda Kiess. Si l’enfant souffre de la famine à ce moment là, sa croissance, son développement cognitif et immunitaire peuvent en être gravement compromis.

« Il est urgent de fournir à ces enfants une nourriture suffisante et de qualité, afin qu’ils puissent reprendre des forces », insiste notre spécialiste. Toutefois, ces aliments doivent être présentés sous une forme très compacte. En effet, « l’estomac de l’enfant a naturellement une contenance plus faible que celui d’un adulte. Dans le cas d’un petit malnutri, ce constat est encore plus vrai ». Les organisations humanitaires, le PAM et des entreprises spécialisées ont mis au point et amélioré les compléments alimentaires destinés à ces situations d’urgence. Riches en vitamines et en minéraux essentiels, ces produits répondent aux besoins nutritionnels importants des tout-petits en cas de malnutrition extrême.

Solutions d’urgence

Parmi les nouveautés qui ont été ainsi développées, un produit français est en première ligne. Il s’agit du Plumpy’sup®. « Ce type de produit prêt à l’emploi est de plus en plus proposé depuis une dizaine d’années. Il présente de nombreux avantages par rapport aux aliments comme les bouillies – à préparer avec de l’eau - que nous distribuons depuis près de 30 ans », indique Lynnda Kiess. « Ils sont prêts à l’emploi, il suffit de déchirer un sachet. Ils ne nécessitent donc aucune cuisson, ce qui est essentiel pour des populations en transit. Ils sont hydratants et, mis au point à base d’huiles, ils se conservent très longtemps, sans risque de contamination bactérienne. Ces aliments supportent la chaleur et un seul sachet suffit à nourrir un enfant pendant une journée ». Toutefois, il peut être encore nécessaire et préférable de proposer les autres produits de supplémentation alimentaire à certaines populations. « Les gens ont l’habitude de manger du porridge. Les aliments prêts à l’emploi sont plus éloignés de leurs coutumes », complète-t-elle.

Si les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement fragiles, la situation de crise alimentaire ne concerne pas uniquement les plus jeunes. La famine menace 11,3 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique, où les taux de malnutrition sont particulièrement élevés parmi les réfugiés somaliens. Ces derniers traversent les frontières kenyane et éthiopienne en larges groupes, pour fuir la famine et l’instabilité politique de leur pays.

Source

 : Interview de Lynnda Kiess (Programme alimentaire mondial), 28 juillet 2011


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 2 août 2011

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