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Au Malawi, Madonna émissaire people du Centre de la Kabbale



Rue 89 / Par Antonin Grégoire | Universitaire | 09/04/2010

Madonna était cette semaine au Malawi pour poser la première pierre de sa future école pour jeunes filles. Lors de l’adoption de petits malawites, la star avait mis fin au scandale naissant en promettant de développer le pays. En fait de développement, Madonna entend transformer le Malawi en un géant Centre de la Kabbale.

C’est Philip Berg, de son vrai nom Feivel Gruberger, ancien vendeur d’assurance, qui fut le fondateur du Centre de la Kabbale. Cet empire fondé dans les années 1970 contrôle aujourd’hui les cerveaux de 3,5 millions de personnes dans le monde.

Des partisans, on entendra les arguments sur la lumière, les énergies positives, le mieux être, la découverte de son potentiel caché… jusqu’aux victimes de la Shoah qui auraient pu, selon l’un des responsables londoniens, éviter les camps s’ils avaient adopté la Kabbale.

Les détracteurs, dont l’Union nationale des associations de défense des familles et des individus victimes de sectes (UNADFI), auront foison de récits d’adeptes réduits en esclavage, à laver les sols vingt-trois heures par jour, de malades du cancer ayant donné toutes leurs économies sur leur lit de mort, de gens rompant soudainement avec leur famille et leur petite amie devenue incarnation satanique. La Kabbale marchande

Pour comprendre les principes fondamentaux de la Kabbale, il suffit d’aller sur son site Internet. On y est très rapidement redirigé vers les « products » :

* Le petit fil pour faire le bracelet rouge coûte 26 dollars (soit environ 19 euros) et on peut faire 7 bracelets, * Le kit du débutant avec le Zohar [la « Bible » de la Kabbale, ndlr] complet, le Zohar de poche, le bracelet rouge, son fascicule et les neuf CD « Le Pouvoir de la Kabbale » est à seulement 199 dollars (soi environ 148 euros). Le Zohar est en araméen dans le texte mais on peut le « lire » en passant juste son doigt sur les lettres pour recevoir son pouvoir magique.

Raising Malawi, c’est l’ONG de Madonna et de Michael Berg, co-directeur du Centre de la Kabbale et fils de Phillip Berg. L’organisation s’occupe de diffuser le programme « Success for kids » (prononcer « SFK ») dans les orphelinats subventionnés par Madonna, dans sa future école de jeunes filles, dans les prisons, les hôpitaux psychiatriques, les centres communautaires…

Entre autres : la prison Mai Aisha Kachere, l’orphelinat Home Of Hope, le Centre de réhabilitation sociale, la Mwalandiridwa Community Based Organization ou la Chiwa Approved School. La diffusion des produits dérivés y est assurée par Raising Malawi.

De la même manière, des professeurs du Malawi ont été envoyés directement au Centre de la Kabbale aux Etats-Unis afin de suivre la formation SFK. Selon l’un de ses amis, Madonna avait même eu l’idée de faire fabriquer des bracelets rouges par les orphelins du Malawi. « Success for kids »

La mission du programme ? « Promouvoir le développement social et émotionnel en chaque enfants […] leur donner les outils pour acquérir leur plein potentiel ».

Le programme (anciennement nommé « Spirituality for kids ») comporte trois niveaux :

* Level 1 : « Gagner le jeu de la vie », apprendre à combattre son opposant personnel, à voir les défis en opportunités, * Level 2 : « Soyez les artistes de votre vie », donner aux enfants le potentiel de devenir les créateurs de leur propre vie, apprendre à appliquer les outils (comportementaux) à l’extérieur de l’école, * Level 3 : « Service learning ». « Maintenant que les enfants ont acquis la compréhension de qui ils sont, de qui est leur opposant et de comment utiliser les outils de partage comme moyen d’accomplissement », ils doivent appliquer le « savoir SFK » à leur entourage et à leur communauté.

Sur les enfants, les effets sont assez puissants. Parmi les photos du site : un petit, souriant, brandit son dessin : « J’ai appris les pouvoirs spirituels et le comportement restrictif et cessé d’écouter l’opposant ».

Jacinta Chapomba, directrice de l’orphelinat Consol Homes a ainsi sur son bureau « l’arbre de vie » de certains pensionnaires dont les feuilles égrènent les effets du programme SFK :

« J’ai eu un accident de vélo à cause des mauvaises choses que j’ai faites. Je me suis blessé le pied à cause de mes mauvaises actions… »

L’orphelinat Home of Hope, d’où est issu le petit David adopté par Madonna a aussi intégré les nouvelles techniques. C’est devenu un endroit ou l’on « assure les besoins psychosociaux afin que les enfants développent leur plein potentiel. »

La directrice, Lucy Chipeta Malitowe, voit plus loin pour le programme SFK. Elle « aimerait voir le programme grandir au Malawi, avec des professeurs à travers tout le pays et des cours enseignés dans les agences gouvernementales et dans les écoles privées. » « Un petit groupe d’individus exceptionnels »

Madonna aussi voit plus loin. Son école de jeunes filles est « fondée sur la croyance que donner le pouvoir à un petit groupe d’individus exceptionnels peut déclencher un changement positif pour toute une nation, en fait pour le monde entier. »

Elle n’a pas hésité à faire déplacer les villageois qui se trouvaient sur le terrain, en proposant une indemnité de 360 000 dollars (près de 270 000 euros, tandis que le projet de l’école se chiffre à 15 millions de dollars). Ils attendent encore l’argent.

Peu de recours cependant la future directrice de l’ecole, Anjimile Mtila-Oponyo, est la sœur du vice-président. Le pays est de toute façon trop pauvre pour disposer du luxe de refuser les millions de Madonna et l’imposition de la Kabbale qui va avec.

Plus tard, ces enfants devront intégrer la Kabbale aux autres religions du pays : catholiques romains, presbytériens, et Anglicans. Ils concurrenceront directement les missionnaires baptistes, les évangélistes et les adventistes du septième jour déjà sur le marché.

Ils devront aller sauver les âmes des musulmans, hindous, juifs et des rastafariens qui sûrement apprécieront : on appelle ça une bombe a retardement.

Téléchargez l’article consacré au Centre dans le bulletin du 1er trimestre 2005 de l’UNADFI.

Logo de la brève : Madonna à l’inauguration de l’école de jeunes filles Raising Malawi, le 6 avril 2010 (Mike Hutchings/Reuters).


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Publié sur OSI Bouaké le samedi 10 avril 2010



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