Toujours plus de malades, toujours plus de morts du sida

Publié le 23 novembre 2005 sur OSIBouaké.org

À neuf jours de la Journée mondiale contre le sida  , la pandémie a atteint son niveau le plus élevé. En 2005, près de 5 millions de personnes ont été infectées.

Au mois de juin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS  ) et l’Onusida   jugeaient déjà « peu probable » d’atteindre l’objectif fixé fin 2003 de traiter trois millions de malades d’ici la fin de cette année. Dans leur dernier rapport conjoint rendu public hier, les deux organisations confirment que seulement un million de personnes ont accès aux antirétroviraux dans le monde tandis que le nombre de personnes vivant avec le VIH   atteint son niveau le plus élevé jamais enregistré, soit 40,3 millions de personnes.

accès aux traitements

« Globalement, nous ne percevons aucun signe d’essoufflement de la pandémie », précise Michel Sidibé, de l’Onusida  . Pis : les décès s’accélèrent dans la plupart des pays infectés depuis dix ou quinze ans. Si, grâce aux traitements, « entre 250 000 à 350 000 vies ont pu être sauvées », les augmentations des nouvelles infections (5 millions dans le monde dont 2 100 000 enfants) les plus marquées sont survenues en Europe orientale, en Asie centrale et en Asie de l’Est. L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée dans le monde avec 64 % des nouvelles infections.

Les institutions internationales ont néanmoins tenu à marquer un certain optimisme quant à la baisse de la prévalence du sida   (le nombre de malades présents à un moment donné) dans certains pays comme le Kenya, le Zimbabwe ou encore l’Ouganda (lire ci-dessous). Des « succès » à lire avec précaution, car la diminution de la prévalence peut être attribuable à l’accélération des décès. C’est à la baisse de l’incidence, c’est-à-dire à la baisse du nombre de nouveaux cas d’une maladie dans une population par année à laquelle il faut être attentif. Si ce nombre baisse, alors les institutions pourront parler de succès d’une politique de prévention et d’accès aux traitements. Car tous s’accordent désormais sur ce point, ces deux actions se mènent conjointement.

L’accès aux traitements renforce la prévention. « Le but ultime étant l’accès universel à la prévention, au traitement et à la prise en charge » pour 2010. Objectif qui devrait être bien difficile à atteindre, tant les mécanismes d’accès à des médicaments génériques semblent bloqués à quelques semaines de la sixième conférence ministérielle de l’OMC à Hong Kong. Si l’OMS   « est sans équivoque sur cette question et soutient les États pour l’utilisation de licences obligatoires » afin de contourner les règles draconiennes de propriété intellectuelle, selon Badara Samb, la réelle volonté politique internationale n’est aujourd’hui toujours pas suffisante pour permettre notamment de faire baisser le prix des traitements pédiatriques.

les inégalités se creusent

Et plus que jamais, la question de la justice sociale et de la pauvreté devient centrale dans la lutte contre cette épidémie qui a causé la mort de plus de 25 millions de personnes dans le monde depuis 1981. « Nous ne sommes plus dans une dynamique Nord-Sud, précise Michel Sidibé. Les inégalités se creusent quant à l’accès à l’information et aux soins sur tous les continents. 48 % des nouvelles infections au VIH   aux États-Unis concernent les femmes noires. Ces dernières sont douze fois plus exposées que leurs compatriotes blanches. » Nul doute que de « nouvelles stratégies à long terme », selon le docteur Peter Piot, directeur exécutif de l’Onusida  , sont nécessaires. Au minimum.

Maud Dugrand

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