Centrafrique : Bozizé prêt à former un gouvernement de coalition avec les rebelles

Publié le 31 décembre 2012 sur OSIBouaké.org

Le Monde.fr avec AFP | 30.12.2012 -

Le président de la Centrafrique François Bozizé a promis de former un gouvernement d’union nationale avec les rebelles, dont les forces ne sont plus qu’à 75 km de Bangui, et accepté le principe de pourparlers de paix au Gabon sans conditions préalables, a annoncé le président de l’Union africaine à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’Etat centrafricain. "Il m’a confirmé qu’en 2016, il ne sera pas candidat (à sa propre succession) et qu’il va respecter les dispositions constitutionnelles", a ajouté Thomas Boni Yayi.

Désormais en position de force, et "très sceptique sur la volonté de Bozizé de respecter d’éventuels accords", le Séléka, par la voix de son porte-parole, semble de moins en moins disposé au dialogue et n’exclut pas d’entrer dans Bangui. "La question (du départ de François Bozizé) doit être discutée avec l’Union africaine", a déclaré Eric Massi, soulignant que le président "doit reconnaître sa défaite militaire sur le terrain (...) et en tirer les conclusions".

Selon le Séléka, François Bozizé aurait "l’intention de livrer bataille à Bangui", "et si la situation l’exige, nous prendrons des dispositions", a indiqué son porte-parole, se disant "inquiet de la situation sécuritaire" pour les familles et proches du Séléka "qui sont harcelés, intimidés et même enlevés" dans la capitale.

François Hollande a appelé dimanche "toutes les parties" en conflit en Centrafrique à "cesser les hostilités", et demandé à nouveau que les autorités du pays prennent "toutes les mesures" pour garantir la sécurité des ressortissants étrangers sur place, a annoncé la présidence française.

Plus tôt dans la journée, le ministère de la défense à Paris a fait savoir que cent quatre-vingts militaires français supplémentaires sont arrivés en renfort dans la capitale centrafricaine, dépêchés depuis le Gabon. Il s’agit "d’avoir sur place un dispositif permettant de faire face à toute évolution de la situation et le cas échéant d’assurer la sécurité des nos ressortissants dont l’immense majorité résident à Bangui", a déclaré le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l’état-major des armées.

Une compagnie du 2e régiment étranger d’infanterie et un élément de commandement des Forces françaises au Gabon portent à 580 les militaires français présents à Bangui. Par ailleurs, "deux hélicoptères Puma en provenance de N’Djamena sont en train de se mettre en place à Bangui", a ajouté le colonel Burkhard.

Ce déploiement vise à permettre une évacuation s’il devait y en avoir une, selon le porte-parole, qui a précisé que l’armée française "a les éléments qui permettraient de sécuriser l’aéroport de Bangui si besoin était" et que ce dernier accueillait "encore un trafic civil". "Nous n’avons pas d’avions prépositionnés à Bangui, il n’y a pas de raison d’en prépositionner", a poursuivi le porte-parole, ajoutant que la France en avait "à Libreville et N’Djamena".

"ÉTAT D’ALERTE MAXIMALE"

De leur côté, les pays d’Afrique centrale ont averti qu’ils s’opposeraient à une telle avancée des rebelles. "Les forces de la CEEAC (présentes en Centrafrique) sont en état d’alerte maximale, et la ville de Damara constitue la limite à ne pas franchir. Nous demandons aux FACA (les forces gouvernementales) et aux rebelles de ne pas dépasser leurs positions actuelles et de laisser une chance au dialogue" a déclaré à la radio nationale le chef de mission de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), Antonio Di Garcia. "Nous voulons dire au nom de la communauté internationale aux FACA et aux rebelles notre étonnement devant leur entêtement. Et nous le disons en relation avec les décisions des chefs d’Etat", a-t-il souligné.

Vendredi, alors que la CEEAC annonçait des négociations "sans délai" et "sans conditions" acceptées par toutes les parties, les combats reprenaient à Bambari, importante ville du centre, que les FACA ont tenté vainement de reconquérir. Dans la même journée, le Séléka a pris la ville de Sibut sans combat, FACA et armée tchadienne s’étant repliées vers Damara.

Le Séléka, qui a repris les armes le 10 décembre pour réclamer "le respect" de différents accords de paix signés entre 2007 et 2011, s’est assuré du controle de la majeure partie du territoire centrafricain à une vitesse fulgurante et sans rencontrer de véritable résistance. Durant toute sa progression, la rébellion a affirmé être prête à la négociation. Elle réfutait jusqu’à présent vouloir marcher sur Bangui tout en continuant à conquérir de nouvelles villes.

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