"La percée majeure" dans le traitement d’enfants souffrant du sida

Quand l’Unicef appelle la prophylaxie au Cotrimoxazole "une percée majeure"...

Publié le 17 mai 2005 sur OSIBouaké.org

AFP - vendredi 19 novembre 2004.

NEW YORK (AFP) - La combinaison de deux médicaments constituant l’un des antibiotiques les moins onéreux au monde a fortement réduit le taux de mortalité chez des enfants contaminés par le virus du sida  , a annoncé le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), qui parle de "percée majeure".

Une étude réalisée par le Département pour le développement international (DFID, Grande-Bretagne) auprès de 534 enfants zambiens âgés de 1 à 14 ans, porteurs du virus de l’immunodéficience humaine (VIH  ), a montré une réduction importante de la mortalité parmi les patients recevant du cotrimoxazole, selon ces travaux, publiés dans la revue médicale britannique The Lancet datée de samedi.

Médicament utilisé de longue date dans la prévention des infections opportunistes des malades du sida  , le cotrimoxazole, associe deux antibiotiques : triméthroprime-sulfaméthoxazole.

La moitié de l’échantillon d’enfants zambiens s’est vu administrer par voie orale du cotrimoxazole, l’autre moitié un placebo. Au terme de dix-neuf mois de suivi, les auteurs de l’étude ont constaté un taux de décès de 28% (74 enfants sur 265) parmi les jeunes malades ayant pris l’antibiotique, contre 42% (112 enfants sur 269) au sein du groupe n’ayant reçu qu’un placebo.

Pour des raisons éthiques, au vu de ces résultats, les enfants auxquels on avait administré un placebo ont à leur tour, à partir d’octobre 2003, été traités au cotrimoxazole.

"Ce médicament a réduit la mortalité de 43% et le taux d’hospitalisation de 23% par rapport au groupe placebo", soulignent Diana Gibb et ses collègues, précisant que cette baisse de la mortalité a été constatée pour les enfants de tous âges, quel que soit leur taux de lymphocytes CD4 (indicateur de la gravité de l’infection par le VIH  ) et pendant au moins douze mois.

Des résultats similaires avaient déjà été constatés lors d’une étude conduite sur des adultes souffrant de tuberculose pulmonaire en Côte d’Ivoire en 1999, notent-ils. Mais aucun essai portant sur la prévention d’infections grâce au cotrimoxazole n’avait été mené auprès d’adultes ou d’enfants dans une région où existe un fort taux de résistance à cet antibiotique, comme c’est le cas dans la zone concernée en Zambie, relèvent-ils.

Compte tenu de "nos résultats, les enfants de tous âges ayant des signes cliniques d’infection par le VIH   devraient recevoir du cotrimoxazole à titre de prophylaxie dans les région pauvres, indépendamment du taux local de résistance à ce médicament", concluent les auteurs.

Ces travaux "représentent une percée majeure" et il y a là "le potentiel pour sauver la vie de centaines de milliers d’enfants chaque année", a commenté l’Unicef dans un communiqué publié jeudi soir à New York.

"Le défi est dorénavant de traiter autant d’enfants que nous le pouvons et immédiatement", estime en conséquence l’Unicef, soulignant qu’il s’agit d’un "médicament bon marché, largement disponible".

Les raisons cliniques de ce succès ne sont pas clairement établies, reconnaissent les auteurs, "même si il semble y avoir une chute de la proportion d’enfants mourant de maladies pulmonaires dans le groupe recevant du cotrimoxazole". Cet antibiotique, précisent-ils, est notamment utilisé pour prévenir ou traiter la pneumonie à Pneumocystis carinii, une des premières infections opportunistes survenant en Europe et aux Etats-Unis, chez les malades dont les défenses immunitaires chutent.

Près des deux tiers des 38 millions de porteurs VIH   dans le monde vivent en Afrique sub-saharienne, selon les chiffres de l’Onusida  , agence de l’ONU   chargée de la lutte contre le sida  .

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