Côte d’Ivoire : Les anciens enfants soldats sont encore vulnérables

Publié le 16 février 2008 sur OSIBouaké.org

Dakar, 14 février 2008 (IRIN)

Les milices de Côte d’Ivoire ont cessé de recruter des enfants dans leurs rangs et ne figurent plus sur la liste mondiale des recruteurs d’enfants établie par Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, selon le rapport annuel 2007 des Nations Unies sur les enfants dans les conflits armés, publié en 2008.

« L’absence de preuve de recrutement et d’utilisation d’enfants à des fins militaires en Côte d’Ivoire et la relance du processus de paix [...] ont justifié cette mesure », a expliqué à IRIN Boubacar Dieng, chef de la section Protection de l’enfance de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).

Cette annonce, faite par les Nations Unies, concerne l’ancien groupe rebelle des Forces nouvelles, que les Nations Unies ont accusé en novembre 2005 de recruter des enfants soldats, ainsi que quatre milices qui soutenaient le gouvernement.

Ces groupes ont été épinglés pour la première fois par les Nations Unies en 2006, lorsqu’il est apparu qu’ils avaient recruté pas moins de 4 000 enfants dans leurs rangs depuis le début du conflit en 2002.

S’il est vrai qu’à l’heure actuelle, aucun de ces enfants n’est activement employé comme soldat, nombre d’entre eux sont encore au service des combattants, pour qui ils font la cuisine, la lessive ou les courses, a confié à IRIN Heather Kerr, directrice de Save the Children en Côte d’Ivoire.

« Il n’y a pas de preuve que des enfants sont recrutés actuellement mais [.] nous avons la preuve que bon nombre d’entre eux sont encore clairement associés à des groupes armés », a-t-elle expliqué à IRIN.

Les anciens enfants soldats ont encore des difficultés à s’adapter à la vie civile et sont souvent rejetés par leurs familles et leurs communautés. « Le plus important maintenant est de nous aider à réussir l’intégration sociale de ces enfants », a dit M. Dieng de l’UNOCI.

Bon nombre d’entre eux sont illettrés ou n’ont aucune éducation de base, a indiqué Sylvie Doussou, représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Côte d’Ivoire.

« La réinsertion ne réussira que si on leur donne une alternative au combat par exemple, une formation en agriculture ou la possibilité d’aller à l’école », a-t-elle affirmé.

Les ex-enfants soldats sont aussi plus exposés à la maltraitance, selon Mme Kerr. « Les abus sexuels sont les plus gros risques auxquels sont exposés ces enfants ».

Le rapport du Secrétaire général va même plus loin : s’il est moins probable, indique-t-il, que les enfants ivoiriens combattent dans les rangs de groupes armés, bon nombre d’entre eux courent néanmoins le « risque alarmant » d’être exploités sexuellement.

Les groupes armés accusés d’avoir eu recours aux enfants soldats ne risquent plus d’être menacés de sanctions par le Conseil de sécurité, mais une commission dirigée par les Nations Unies continuera de surveiller étroitement tous les recrutements futurs.

Or, pour Mme Dossou, l’amélioration de la situation des enfants est en partie liée à la crainte de sanction de la part du Conseil de sécurité.

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