RDC : Recrutement d’enfants et violations des droits humains se poursuivent dans le Nord-Kivu

Publié le 15 décembre 2007 sur OSIBouaké.org

Kinshasa, 14 décembre 2007 (IRIN)

Les troupes insurgées proches du général déchu Laurent Nkunda, qui se battent dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) contre les troupes gouvernementales, continuent de recruter des enfants alors que de graves actes de violation des droits humains, dont certains commis par des agents de l’Etat, persistent dans la région, selon la MONUC, la Mission des Nations Unies au Congo.

« Des recrutements forcés [d’enfants] ont lieu devant des écoles, notamment dans le village de Burungu, lorsque les élèves regagnent leur domicile, causant la fuite de nombreux enfants dans la brousse », a déclaré à la presse Kemal Saiki, porte-parole de la MONUC, le 12 décembre.

Certains ex-combattants mineurs sont recrutés de nouveau, a ajouté le porte-parole, qui a cité l’exemple de 20 enfants qui avaient rejoint les troupes de M. Nkunda dans le village de Kirumbu dans le Nord-Kivu.

M. Saiki s’est dit par ailleurs très préoccupé par les nombreux cas d’exactions, notamment de viols, d’exécutions sommaires, de tortures, de traitements inhumains et dégradants et d’arrestations arbitraires qui continuent d’être signalés tous les jours dans le pays, malgré une amélioration de la situation générale des droits des humains depuis la signature en 2003 de l’accord de paix censé mettre fin à la guerre civile en RDC.

« Chaque mois, ce sont des centaines de femmes et jeunes filles qui continuent d’être victimes de viols et d’autres formes de violences sexuelles dans toutes les provinces de la RDC », a affirmé M. Saiki.

« Les principaux responsables de ces violations des droits humains ne sont plus les groupes armés mais, en grande partie, des agents de l’Etat dont le mandat est d’assurer la protection de la population congolaise », a-t-il souligné.

Selon lui, de nombreux agents de police et militaires travaillent et vivent dans des conditions difficiles, mais ceci ne peut ni expliquer, ni justifier les actes odieux qu’ils commettent et la culture de l’impunité qui en résulte.

Rappelant la gravité des violences sexuelles, M. Saiki a indiqué que 2 656 cas avaient été enregistrés dans le Nord-Kivu entre janvier et octobre 2007, et 4 500 autres dans le Sud-Kivu rien que pendant le premier semestre 2007.

« Ces chiffres ne reflètent qu’une partie infime des ces nombreuses victimes qui préfèrent généralement se taire au lieu d’appeler au secours, car elles sont traumatisées et stigmatisées par leurs familles et communautés et sont confrontées à des risques de représailles de la part des auteurs », a-t-il dit.

A propos de la situation des affrontements entre les forces de M. Nkunda et les troupes gouvernementales dans le Nord-Kivu, M. Saiki a souligné que la MONUC continuerait d’apporter son soutien à l’armée nationale de la RDC en vue d’épargner les vies des civils, même dans les positions prises par les insurgés.

« Malgré les revers temporaires de l’armée congolaise au cours des dernières 48 heures dans la région de Mushake, la ville de Sake est toujours tenue par les Casques bleus de la MONUC. Nous sommes en train de prêter assistance à l’Etat-major des forces armées de la République démocratique du Congo (FARC) afin que ces dernières puissent reprendre la situation en main et consolider leurs positions dans les zones du Nord-Kivu », a-t-il ajouté.

Les troupes de M. Nkunda ont repris le contrôle de la ville de Mushake, dans l’est de la province du Nord-Kivu, tombée moins d’une semaine auparavant aux mains des forces gouvernementales.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s’est déclaré profondément préoccupé par les intenses combats dans Nord-Kivu, en particulier par les déplacements massifs et les mauvais traitements contre les populations civiles.

« Les Nations Unies travaillent en étroite collaboration avec les autorités de RDC et d’autres partenaires pour rétablir la paix et la sécurité dans cette région instable », a déclaré le porte-parole de M. Ban, le 12 décembre. « Le Secrétaire général appelle les forces de Laurent Nkunda à déposer leurs armes ».

Entre temps, M. Nkunda aurait exprimé sa volonté d’engager des négociations avec le gouvernement afin de mettre fin aux combats.

« Nous devons négocier. Nous demandons l’ouverture de discussions avec le gouvernement », a déclaré à l’AFP René Abandi, porte-parole du mouvement de M. Nkunda, le 12 décembre.

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