Gbagbo décrète l’amnistie, Soro annonce ses priorités

Publié le 13 avril 2007 sur OSIBouaké.org

Côte d’Ivoire - 13 avril 2007 - AFP

Le président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé vendredi une nouvelle loi d’amnistie couvrant les crimes commis pendant la guerre civile, une mesure qui vise à accélérer réconciliation nationale, également prônée dans la soirée par le Premier ministre Guillaume Soro.

M. Gbagbo a promulgué par ordonnance une nouvelle loi d’amnistie couvrant les crimes et délits liés aux troubles qui ont secoué la Côte d’Ivoire depuis septembre 2000, indique le texte publié dans la journée par la présidence.

"Sont amnistiés de plein droit (...) les infractions contre la sûreté de l’Etat et la Défense nationale commises par les nationaux ivoiriens se trouvant sur le territoire ou en exil entre le 17 septembre 2000 et la date de signature de la présente ordonnance (12 avril, ndlr)", souligne-t-il.

Cette amnistie, qui couvre toute la crise militaro-politique déclenchée par la tentative de coup d’Etat rebelle contre M. Gbagbo en septembre 2002, qui a coupé le pays en deux, "ne s’applique pas aux infractions économiques et aux crimes et délits autres que l’atteinte à la sûreté de l’Etat", précise-t-il.

Cette mesure, qui ne devrait guère être approuvées par les associations de défense des droits de l’homme, couvre ainsi les crimes, parfois massifs, commis ces dernières années et restés impunis, tels les massacres d’opposants au camp présidentiel, de forces loyalistes par les rebelles ou de rebelles entre eux.

Elle pourrait également permettre le retour au pays d’anciens dirigeants exilés, notamment des officiers comme l’ex chef d’Etat major Mathias Doué.

Cette amnistie était prévue par l’accord de paix inter-ivoirien signé le 4 mars à Ouagadougou par le président Gbagbo et le chef de la rébellion Guillaume Soro, qui a entraîné une apparente réconciliation entre les deux hommes, ponctuée par la nomination de M. Soro au poste de Premier ministre fin mars.

M. Soro a prononcé vendredi soir son premier discours à la nation, diffusé par la télévision publique, depuis sa prise de fonctions.

Estimant que les Ivoiriens devaient "apprendre à pardonner", M. Soro a assigné "trois objectifs majeurs" à son équipe gouvernementale nommée le 7 avril : "l’identification générale de la population", la "réunification" des deux forces armées, loyalistes et rebelles, et "l’organisation d’élections justes, transparentes et ouvertes à tous".

M. Soro, 34 ans, a en outre indiqué qu’il ne serait pas candidat à la prochaine élection présidentielle, sans cesse repoussée en raison des blocages politiques depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en octobre 2005, et théoriquement prévus par l’ONU   avant la fin du mois d’octobre prochain.

L’accord conclu à Ouagadougou par MM. Gbagbo et Soro, anciens ennemis qui contrôlent chacun une moitié du pays, semble avoir donné un coup de fouet au processus de paix ivoirien, jusque là enlisé.

Il prévoit notamment la suppression de la zone de confiance (ZDC) sous contrôle international, qui sépare le nord du sud du pays depuis la fin 2002. M. Soro a précisé qu’il assisterait avec le chef de l’Etat à la cérémonie marquant le début de ce processus lundi à Yamoussoukro (centre).

La communauté internationale, qui avait constaté en janvier son échec à débloqUer le processus de paix malgré de multiples résolutionS de l’ONU  , a de son côté pris acte de l’accord, qui la relègue au rang d’observateur.

Vendredi, le Groupe de travail international (GTI), chargé d’évaluer chaque mois l’état du processus de paix en Côte d’Ivoire, s’est ainsi mis en sommeil lors de sa 14ème réunion, sans doute la dernière selon plusieurs diplomates.

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