Burundi : les patients sous ARV préoccupés par les pénuries alimentaires

Publié le 19 mars 2007 sur OSIBouaké.org

Bujumbura, 16 mars 2007 - Les patients burundais sous traitement antirétroviral (ARV  ) sont inquiets à propos de l’avenir de leur thérapie, après les inondations qui ont causé d’importants dégâts pour les cultures, entraînant des pénuries alimentaires.

Dans une évaluation menée en janvier, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture ont découvert que les fortes pluies et les inondations avaient détruit entre 50 et 80 pour cent de la récolte de novembre et la plupart des récoltes de haricots, papates douces, maïs, sorghum et riz de janvier dans plusieurs zones du pays, conduisant un quart des huit millions de Burundais à dépendre d’une aide alimentaire.

Les antirétroviraux ralentissent la reproduction du VIH   dans l’organisme et retarde la progression du sida  , mais en l’absence d’une alimentation équilibrée, les experts préviennent que prendre ces médicaments peut se révéler plus préjudiciable que de ne rien prendre.

Jeanne Gapiya Niyonzima, l’une des principales activistes de la lutte contre le sida   dans le pays, a estimé que la pénurie alimentaire pourrait sérieusement compromettre la prise de ces médicaments qui prolongent et améliorent la vie des personnes vivant avec le virus.

« Beaucoup de gens sous traitement me disent qu’ils pensent à arrêter leur traitement... sans nourriture, ce n’est pas la peine de les prendre », a-t-elle dit.

D’après le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, 65 pour cent des Burundais consommeraient moins que le régime minimum recommandé de 2 100 calories par personne et par jour.

Donatien Bigirimana, un homme d’une trentaine d’années au chômage depuis que l’entreprise pour laquelle il travaillait a fermé il y a plus d’un an, lutte pour trouver la nourriture nécessaire à son traitement.

« Les gens pensent que ça va aller si j’ai ma ration quotidienne de haricots et de riz à la mi-journée, mais j’ai plus de besoins qu’un enfant », a-t-il dit.

Le jeune homme a expliqué que lorsqu’il prenait ses médicaments le ventre vide, il était pris de vertiges et son pouls s’accélérait.

« Pendant plusieurs heures, je ne peux pas bouger », a-t-il raconté. « Mais si j’arrive à avoir quelque chose comme de la bouillie ou du pain, c’est différent. »

La sécurité alimentaire des personnes séropositives a aussi pris un coup en janvier lorsque le PAM a commencé à mettre en oeuvre une nouvelle politique qui les exclut des catégories de personnes vulnérables automatiquement éligibles à des rations alimentaires.

« Une personne souffrant du VIH  /SIDA   n’est pas obligatoirement en insécurité alimentaire », a dit Cecilia Lonnerfors, chargée d’information du PAM au Burundi.

Après des pluies torrentielles en 2006 qui ont rendu des milliers de personnes dépendantes de l’aide alimentaire, l’organisation a redéfinit ses priorités en matière d’assistance aux personnes vulnérables, a-t-elle dit.

Le PAM assiste maintenant les personnes sous ARV   uniquement pendant les neuf premiers mois de leur traitement, une période considérée comme cruciale.

Mais Mme Gapiya, qui est sous ARV   depuis plusieurs années, a estimé qu’un appui alimentaire était important même après cette période.

« Je suis sous ARV   depuis plusieurs années mais même maintenant, si j’en prends sans manger, j’ai la diarrhée en deux minutes », a-t-elle dit.

Le PAM a aussi réduit de 25 pour cent les rations alimentaires distribuées à ses bénéficiaires. Les organisations de lutte contre le VIH  /SIDA   ont prévenu que ces quantités de nourriture n’étaient plus suffisantes pour encourager les patients démunis à faire de longues distances pour venir les chercher.

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