Analyse de la situation sociodémographique et des pratiques de prise en charge familiale des orphelins en Zambie

Mémoire de recherche en socio démographie

Publié le 19 octobre 2006 sur OSIBouaké.org

Publié le 19 octobre 2006 sur OSI Bouaké

Ce mémoire de recherche en sociodémographie a été mené sous la direction du Pr. Yves Charbit dans le cadre d’un master 2 recherche (DEA) en sciences humaines et sociales à l’Université René Descartes (Paris 5) au sein du laboratoire Popinter. Il a été présenté en septembre 2006.

Cette étude propose d’analyser la situation sociodémographique et les pratiques de prise en charge des enfants devenus orphelins en Zambie. Il est important de préciser que le pays enregistre un taux de mortalité adulte croissant et élevé, engendrant par conséquent une augmentation du nombre d’orphelins. L’épidémie de Sida   qui frappe le pays depuis plusieurs décennies constitue le principal facteur provoquant ce phénomène. L’objet de cette étude est de mesurer l’ampleur du phénomène par type d’orphelin et par région, de déterminer les caractéristiques démographiques des enfants orphelins, d’étudier les types de prise en charge familiale de ces enfants, d’étudier les caractéristiques des différents types de ménages d’accueil de ces enfants, et enfin de mesurer l’impact du phénomène sur les ménages.

La première partie s’attache à décrire les caractéristiques socioéconomiques, démographiques, les caractéristiques épidémiologiques de l’infection à VIH   de la Zambie et leur évolution dans le temps, mais également les caractéristiques de la structure des ménages afin d’appréhender le contexte sociodémographique de la Zambie. Cette partie présentant le contexte de la Zambie repose sur une recherche bibliographique ; celle-ci étant complétée par la revue de la littérature concernant les Orphelins et Enfants Vulnérables à cause du Sida   en Afrique subsaharienne menée par Kokou Vignikin et Candice Audemard sous la direction d’Annabel Degrées du Loû, publiée par le CEPED en 2006, traitant d’une manière plus générale de ce phénomène à l’échelle du continent africain et ce d’un point de vue démographique, sociologique et anthropologique. Cette publication est consultable en ligne sur le site du CEPED (Centre Population et Développement).

La deuxième partie est consacrée à la méthodologie de recherche mise en œuvre pour mener à bien cette étude. A ce propos, il est important de préciser que la méthode utilisée ici pour mener à bien cette étude est l’analyse de données secondaires issues des EDS (Enquête Démographique et de Santé) effectuées en Zambie en 1996 et 2001/02. La comparaison de ces données nous permet ainsi d’appréhender l’évolution dans le temps des caractéristiques sociodémographiques et des pratiques familiales de prise en charge des orphelins. En d’autres termes, il s’agit là de mesurer l’évolution de l’orphelinage et d’analyser la réaction des ménages face aux changements démographiques (taux de mortalité adulte élevé et augmentation du nombre d’orphelins).

Enfin, la troisième partie présente les résultats de l’analyse. L’analyse de données est établie en fonction de l’objet d’étude, précisé plus haut. Il est important de retenir qu’aux travers des résultats, cette étude a permis de mesurer l’ampleur du phénomène de l’orphelinage en Zambie, de dégager les tendances générales des situations de prise en charge familiales des orphelins, de distinguer les caractéristiques des ménages d’accueil et enfin d’étudier l’impact du nombre croissant d’orphelins sur les ménages. Celle-ci nous a permis de d’observer les évolutions récentes (1996-2001/02) de leur prise en charge, qui apparaît ici comme spécifique. L’étude a montré en effet une plus grande prise en charge par les grands parents, dans le cas précis des orphelins doubles, mais aussi une sollicitude des membres extérieurs à la famille accrue en 2002. Ces résultats reflètent une réalité à laquelle les familles élargies doivent faire face : la prise en charge des enfants orphelins. Etant donné leur nombre croissant, de plus en plus de ménages du cercle familial se voient dans l’incapacité de les accueillir. En effet, on observe une saturation des mécanismes de prise en charge de ces enfants. La pratique familiale de prise en charge ou d’hébergement des enfants orphelins par la parenté atteint ses limites, en raison de leur nombre croissant et de la mortalité accrue des adultes actifs. La mortalité touchant principalement les parents et les personnes actives, a engendré une mutation du système de prise en charge ; une proportion croissante d’orphelins est dorénavant pris en charge soit par les plus vieux, soit par les plus jeunes. Ainsi, dans un grand nombre de sociétés africaines et en Zambie plus précisément, ce sont les grands-parents qui sont sollicités pour cet accueil. Nous avons effectivement observé tout au long de l’étude le rôle croissant des grands parents dans la prise en charge des orphelins en Zambie. De plus en plus de ménages comprennent en leur sein des enfants et des personnes âgées, renforçant ainsi le rapport de dépendance, la pauvreté et la vulnérabilité des grands parents et de leurs petits enfants orphelins. Par ailleurs, notons enfin que la saturation des systèmes de prise en charge a accru le nombre d’enfants livrés à eux-mêmes devenant chef de ménage, ou enfants des rues. Ces phénomènes sont observés en Zambie, et en Afrique subsaharienne plus généralement (Annexe 1). Cependant, les enfants qui vivent hors du cercle familial ne sont pas pris en compte dans les EDS. Pourtant, il s’agit là d’un phénomène croissant et inquiétant en raison du manque de soutien et de la vulnérabilité élevée de ces enfants. Ainsi, en terme de recommandation, il semble essentiel d’encourager la mise en œuvre d’études de terrain concernant les enfants n’étant pas pris en charge par les familles, mais également de renforcer les études spécifiques concernant l’impact du phénomène sur les enfants et les ménages.

Paris, le 17 octobre 2006

Candice Audemard

Email : candiceaudemard@hotmail.com

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