Aider les orphelins du sida en temps de guerre

Témoignage de Rose Dossou, de l’association abidjanaise Chigata

Publié le 24 avril 2005 sur OSIBouaké.org

Rose Dossou, responsable de l’organisation Chigata (“tant qu’il y a la vie il y a l’espoir...”) à Yopougon, le quartier le plus populeux d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, où résident plusieurs centaines de milliers personne de revenus modestes.

Les activités principales du Chigata se concentrent sur les enfants, orphelins de parents morts du SIDA   et atteints par la maladie eux-mêmes. Dossou affirme qu’il y a au moins 600,000 orphelins du SIDA   en Côte d’Ivoire.

Elle a relevé que la discrimination demeurait le principal problème, avec des familles qui souvent répugnent à recueillir les enfants une fois leurs parents décédés. “C’est souvent difficile pour ces familles de nourrir les orphelins et de les envoyer à l’école”, a expliqué Dossou à IRIN, à l’occasion d’une importante conférence sur le VIH  /SIDA   à Dakar.

“Une partie du travail de Chigata consiste à aller rencontrer ces familles à leur domicile, et à identifier le type d’aide qui peut être apporté,” a-t-elle spécifié.

Dossou a averti que les enfants, particulièrement ceux atteints du SIDA  , pouvaient souvent être renvoyés dans leurs villages, même s’il n’y avait personne pour les recevoir. Chigata explique que l’organisation doit suivre ces enfants, leur assurant le gîte et l’aide médicale selon ses moyens.

L’une des principales préoccupations de Dossou pour le moment, est l’impact de 15 mois de guerre civile en Côte d’Ivoire. En dépit de la signature d’un accord de paix en janvier, le pays demeure divisé avec le Nord sous contrôle des rebelles, dont les services de santé ne fonctionnent qu’à 30 % de leur capacité normale, et la zone gouvermentale au Sud.

Elle a déploré qu’il y ait très peu de médicaments disponibles pour les patients vivant en dehors d’Abidjan. “Nous avons besoin d’un système plus décentralisé pour la distribution de médicaments anti-retroviraux”, a reconnu Dossou. “La guerre a empêché plusieurs personnes d’accéder au traitement à cause de leurs lieux d’habitation.”.

Il y a eu de grandes campagnes de santé publique en Côte d’Ivoire dans le but de promouvoir le sexe sans risque. Dossou croit qu’elles ont tout au moins eu un impact, particulièrement dans les écoles et les établissements d’enseignement supérieur. “Vous pouvez toujours trouver des adultes réfractaires à l’usage des préservatifs, mais il n’en est pas de même avec les adolescents qui trouvent cela plutôt normal”. Dossou cite également le travail fait par les Personnes Vivant avec le VIH  /SIDA   (PVVIH  ) en publiant leur statut. “Elles se sont dévoilées, racontant leur propre histoire. Cela a aidé la population à comprendre qu’on peut toujours vivre une vie normale avec le VIH  . La stigmatisation des personnes infectées existe toujours, mais est en voie de diminution”.

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