Orphelins du sida : l’impact financier sur les ménages

5 janvier 2004 - Journal Wal Fadjri - Dakar (Sénégal)

Publié le 24 avril 2005 sur OSIBouaké.org

Derrière la montée du taux de prévalence, l’impact économique du sida   commence également à se faire sentir. Notamment au niveau des familles où la prise en charge des enfants affectés ou infectés pèse lourd.

Les conséquences liées à la maladie du sida   affectent particulièrement les enfants dont 20 000 sont devenus « orphelins ou vulnérables », a indiqué samedi à Dakar Ndèye Khoudia Sow, médecin anthropologue à la Division Ist/Sida   du ministère de la Santé et de la Prévention. « Sur les 80 000 personnes vivant avec la maladie, 3 000 sont des enfants de moins de 15 ans. A ce chiffre, il faut ajouter 20 000 orphelins et enfants vulnérables », a souligné le Dr Sow lors d’une « journée d’information » organisée par l’Association d’assistance aux enfants en situation difficile. Au sujet du nombre d’enfants infectés, c’est la région de Dakar qui arrive en tête avec 600 enfants vivant avec le virus suivie de celle de Kaolack qui en compte 400. Viennent ensuite les régions de Thiès, de Fatick, de Saint-Louis et de Louga dont le nombre d’enfants infectés s’élèvent à 300 pour chacune. Ziguinchor, Kolda et Tambacounda arrivent loin derrière. Concernant le nombre d’orphelins et d’enfants vulnérables, la région de Kaolack arrive en tête avec un chiffre de 4 300, suivie de la région de Dakar qui totalise 3 700 orphelins et enfants vulnérables alors que Tambacounda en compte 600.

Estimant qu’il faut relativiser ces chiffres qui datent de l’an 2000, le docteur Sow a déclaré : « Malgré tout, l’impact de la pandémie reste considérable à la fois pour les familles et les enfants ». « Sur le plan économique, l’infection des enfants par le virus entraîne de lourdes charges pour les familles. Allaitement artificiel, médicaments, transport, hospitalisation, nutrition et entretien sont autant de dépenses supplémentaires pour des familles qui vivent parfois dans la précarité », a indiqué le docteur Sow. Selon Ndèye Khoudia Sow, il arrive dans certains cas que les dépenses pour la prise en charge des malades atteignent 12 000 francs compte non tenu de l’achat des anti-rétroviraux. Or, ce type de médicament peut à lui seul revenir à 24 000 francs par mois.

Sur un autre plan, l’infection des enfants pose un problème de confidentialité, révèle-t-elle. Selon elle, « le statut sérologique de l’enfant révèle celui des parents ». Sans compter qu’il existe des difficultés liées au partage de l’information. « Pour ne rien arranger, les personnes infectées vivent dans un pays où il existe parfois des conditions et (des) contreparties au soutien apporté aux malades et en particulier à ceux qui sont atteints par le virus. Avant de s’engager à aider les patients, certains exigent parfois la connaissance du statut sérologique », a encore dit Ndèye Khoudia Sow. Dans d’autres cas, la personne qui reçoit l’aide doit s’assurer qu’elle ne sera pas « perçue comme coupable ».

Tout cela n’est pas pour favoriser la vie des enfants infectées qui, selon le Dr Sow ont besoin d’un soutien multiforme : soins de vie, soutien matériel et financier, soutien pour l’accès aux soins... Par conséquent, il urge de « mettre en place un environnement social et familial favorable pour les enfants et les orphelins », a-t-elle souligné en précisant que l’Etat est en train aujourd’hui de corriger le tir. Il travaille à la mise en place d’un plan d’action national pour les orphelins et les enfants vulnérables.

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