TAC, association sud-africaine à la pointe du combat pour les ARV

Publié le 2 décembre 2005 sur OSIBouaké.org

JOHANNESBURG, 1er déc 2005 (AFP)par Fienie GROBLER

Il y a sept ans, les passants n’ont accordé qu’un regard distrait à une poignée de manifestants rassemblés sur le parvis de la cathédrale du Cap, ignorant qu’ils assistaient à la naissance de TAC, l’une des plus puissantes associations de lutte contre le sida  .

A l’issue de ce 10 décembre 1998, les manifestants, dont une grand-mère de 66 ans, un étudiant en médecine et un militant des droits de l’Homme, avaient recueilli 10.000 signatures en faveur du traitement des malades du sida  .

Ils étaient les premiers membres de Treatment action campaign (TAC), organisation non-gouvernementale dirigée par Zackie Achmat, militant anti-apartheid et pour les droits des homosexuels, qui a lutté pour faire savoir que des médicaments à prix abordables existaient.

"Fin 1998, personne ne parlait ou n’agissait en faveur d’un éventuel traitement, c’est pourquoi il a fallu créer un mouvement mené par des gens directement affectés par le VIH  ", explique Mark Heywood, l’un des fondateurs.

Aujourd’hui, le gouvernement du président Thabo Mbeki distribue des anti-rétroviraux (ARV  ) gratuits - depuis 2004 seulement - et la prochaine campagne de TAC vise à convaincre les entreprises, qui ne le font pas encore, à en faire bénéficier leurs salariés.

A ses débuts, l’association s’était fixé pour but d’obliger les laboratoires à baisser le prix des ARV   et le gouvernement à les distribuer gratuitement.

L’Afrique du Sud commençait à peine à se préoccuper d’une pandémie qui affecte à présent quelque 6,5 millions de personnes, selon le ministère de la Santé. Le taux de séroprévalence a bondi de moins d’un pour cent en 1990 à près de 25% en 2000, selon l’Onusida  .

"Nous avions organisé une marche lors de la Conférence internationale sur le sida   en décembre 2000, 5.000 personnes y avaient participé (...) TAC a alors décollé", rappelle le coordinateur des actions de l’association, Nathan Geffen.

TAC compte aujourd’hui 250 bureaux à travers le pays, quelque 12.000 adhérents et son budget annuel est passé de 200.000 rands (30.000 USD/26.000 à 25 millions de rands, la plupart provenant de donateurs étrangers.

En 2000, Zachie Achmat s’était rendu en Thaïlande pour acheter 5.000 comprimés d’ARV   66 fois moins chers qu’en Afrique du Sud et qu’il avait rapportés en fraude.

L’année suivante, face à une énorme pression de ’opinion publique, les laboratoires renonçaient à attaquer en justice une nouvelle loi autorisant l’importation de médicaments génériques.

A la même époque, TAC gagnait aussi sa bataille légale contre le gouvernement afin de l’obliger à distribuer des traitements gratuits aux femmes enceintes séropositives dans les hôpitaux publics.

En dépit de cette victoire, le gouvernement persistait à ne pas prendre les mesures adéquates pour permettre l’accès au traitement à tous les malades du VIH  -sida  , suscitant de multiples manifestations et demandes de réunions avec la ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang, très critiquée pour sa position hostile aux ARV  .

Puis, en novembre 2003, le cabinet présidentiel a adopté un programme national de distribution d’ARV   à tous les séropositifs concernés, mais peine à tenir les échéances.

Quelque 78.000 personnes étaient sous ARV   fin août sur 500.000 qui en ont besoin. En février, plus de 2.000 personnes avaient manifesté au Cap (sud-ouest), à l’appel de TAC et au cri de "Traitez 200.000 personnes aux anti-rétroviraux d’ici 2006 !".

L’an prochain, TAC va se joindre aux églises et aux syndicats pour une campagne visant les entreprises. "Nous allons mettre nos forces en commun, explique Mark Heywwod, afin de faire pression sur l’industrie sud-africaine et les multinationales pour qu’elles s’assurent que des stratégies de traitement correctes soient appliquées sur les lieux de travail."

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