Guinée : le virus Ebola a atteint Conakry

La fièvre virale hémorragique sévit depuis début février. Médecins sans frontières a annoncé une opération d’urgence.

Publié le 24 mars 2014 sur OSIBouaké.org

AFP - 22 mars 2014 -

L’épidémie de fièvre Ebola qui a fait des dizaines de morts dans le sud de la Guinée a atteint la capitale, Conakry, a annoncé dimanche le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

« Sur les 80 personnes qui ont contracté la maladie à ce jour en Guinée, au moins 59 sont mortes. Durant les derniers jours, la maladie s’est propagée rapidement des communautés de Macenta, Guéckédou, et Kissidougou (sud, ndlr) à la capitale, Conakry », déclare l’Unicef dans un communiqué. Conakry, vaste ville située sur la côte Atlantique, compte 1,5 à deux millions d’habitants, selon les estimations.

« En Guinée, un pays dont les infratructures sanitaires sont déjà faibles, une maladie comme celle-ci peut être dévastatrice », souligne le Dr Mohamed Ag Ayoya, représentant de l’Unicef en Guinée.

Diagnostic fait à Lyon

L’épidémie est une fièvre Ebola, selon le diagnostic fait à Lyon, en France, a expliqué le chef de la division prévention au ministère guinéen de la santé et de l’hygiène publique, le Dr Sakoba Kéita.« Dans la journée d’hier (vendredi) nous avons eu les premiers résultats venus de Lyon qui nous ont annoncé la présence du virus de la fièvre Ebola comme étant à l’origine de cette flambée de fièvre fébrile en Guinée forestière (sud, ndlr) principalement », a-t-il déclaré.

Le ministère guinéen de la Santé avait indiqué vendredi soir qu’une épidémie de fièvre virale hémorragique avait provoqué la mort de dizaines de personnes depuis le 9 février en Guinée. Il n’avait pas précisé la nature de cette fièvre. Depuis, le bilan ne cesse d’augmenter. Le virus Ebola se manifeste par une poussée de fièvre, des diarrhées, des vomissements, une fatigue prononcée et parfois un saignement.

L’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF  ) a annoncé samedi le lancement d’une intervention d’urgence dans le pays. « Vingt-quatre médecins, infirmiers, logisticiens et spécialistes de l’hygiène et de l’assainissement sont déjà sur place alors que d’autres personnes vont renforcer l’équipe au cours des prochains jours », a précisé MSF   dans un communiqué.

En collaboration avec le ministère de la Santé guinéen, « MSF   a mis en place une structure d’isolation des cas suspects à Guéckédou, et se prépare à faire de même à Macenta », deux localités de la région de Nzérékoré, dans le sud du pays, ajoute l’ONG qui recherche également les personnes susceptibles d’avoir été infectées lors de contacts avec des patients. Environ « 33 tonnes de matériel » vont être acheminées par deux avions au départ de la Belgique et de la France, a ajouté MSF  . Les autorités guinéennes avaient annoncé vendredi avoir décidé le « traitement gratuit de tous les malades dans les centres d’isolement », le « recensement de toutes les personnes qui ont eu des contacts directs avec les malades décédés et ceux présentant les signes » de la maladie.

Le ministre de la Santé, le médecin colonel Remy Lamah, avait indiqué qu’une mission avait été dépêchée dans la zone où se sont déclarés les premiers cas pour identifier la maladie, et des prélèvements envoyés en France pour examen.

« Il nous reste encore plus d’une vingtaine d’échantillons à examiner et nous attendons pour cela l’arrivée samedi à Conakry du professeur Fall de l’institut Pasteur de Dakar », a indiqué le Dr Kéita. La maladie à l’origine de l’épidémie actuelle « se transmet essentiellement d’une personne malade à une personne saine et aussi par des objets souillés appartenant à des personnes malades ou décédées. (...) La consommation de viande d’animaux de brousse infectés » peut « être également une source de contamination », a ajouté le ministre.

Le gouvernement a invité les populations à la vigilance et à prendre les mesures préventives adéquates. Il a demandé aux services de santé de prendre toutes les dispositions nécessaires pour contenir la maladie et signaler tout cas suspect aux autorités sanitaires.

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