Syrie : l’état de santé de Rafah Nached s’aggrave

La célèbre psychanalyste syrienne est incarcérée depuis plus de trois semaines maintenant, malgré les protestations internationales.

Publié le 4 octobre 2011 sur OSIBouaké.org

3 octobre 2011 - Par Quentin Girard

24 jours. Rafah Nached, 66 ans, est incarcérée depuis la nuit du 10 septembre et son sort ne s’améliore pas. Malgré la mobilisation de ses proches en France, il semble qu’elle soit partie encore pour de longues semaines de détention.

La psychanalyste, fondatrice de l’école de Damas, a été arrêtée alors qu’elle voulait partir pour Paris pour rencontrer des médecins – elle est rescapée d’un cancer – et pour voir sa fille accoucher. Sans raison aucune, son seul tort est peut-être d’avoir organisé des groupes de paroles ouverts à tous sur le thème de la peur, elle est une victime parmi des centaines d’autres du régime de Bachar al-Assad.

Dimanche, Carla Bruni a annoncé avoir envoyé une lettre au mari de Rafah Nached, l’historien Faysal Abdallah, pour le soutenir. « Cette femme libre et accomplie, dont la notoriété est internationale, dont la vie et les travaux honorent la Syrie, les femmes syriennes et arabes, et toutes les femmes, connaît aujourd’hui un sort injustifiable », écrit-elle.

Concrètement c’est un peu tout ce que la France peut faire. « Nous sommes en contact avec le Quai d’Orsay mais ils n’ont presque plus aucun lien diplomatique avec le régime syrien, ils ne peuvent pas vraiment être les avocats de Rafah Nached », raconte l’un de ses proches à Paris.

Une quinzaine de femmes et des enfants dans une cellule

Dimanche, son mari Faysal Abdallah a pu lui rendre visite, comme c’est le cas deux fois par semaine. Les nouvelles ne sont pas bonnes. Elle est dans une cellule avec une quinzaine d’autres femmes, pour la plupart des détenues de droits communs, des droguées, des prostituées, ou des femmes ayant des problèmes mentaux. La prison sert aussi d’hôpital psychiatrique. « C’est un huis clos complètement épuisant pour une personne déjà malade. L’hygiène est exécrable, elle a désormais une double infection à l’estomac et au poumon ».

La nuit, il est difficile de trouver le sommeil. La promiscuité, les cris, les enfants qui pleurent. Certaines des prisonnières, n’ayant personne à qui les confier, ont été forcées de les amener avec elles.

Du côté de la procédure, le juge a refusé la remise en liberté sous caution. « Avant, dans les conditions "normales" de la dictature, c’était envisageable, surtout à cause de son état de santé, selon ce proche. Là, il n’y a plus instructions hiérarchiques, le juge bloque tout pour des questions de statut quo. Une évolution ne peut venir que du sommet ». Quelqu’un a décidé un jour qu’il fallait que Rafah Nached soit arrêtée. Quelqu’un, un jour, si elle n’a pas été oubliée, décidera peut-être qu’elle doit être libérée.

A son mari, dimanche, elle n’a pas demandé que des médicaments pour elle. Elle l’a aussi prié de ramener des crayons de couleurs et des bandes dessinées pour occuper les enfants. « C’est rassurant, veut croire l’un de ses amis, sous la prisonnière, elle reste une psychanalyste, elle reste forte ».

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