Hamzeh, 13 ans, martyr syrien

Publié le 1er juin 2011 sur OSIBouaké.org

Libération - 01/06/2011 - Par Jean-Pierre Perrin

Torture. Le jeune garçon avait été enlevé par les services secrets le 21 avril à Deraa. Son corps a été rendu mutilé à la famille.

Les images sur YouTube sont abominables : un visage poupin comme explosé, le cou peut-être brisé, des impacts de balles sur les bras et la poitrine, des contusions partout et le sexe semble-t-il coupé. Personne n’ignore la cruauté des forces de sécurité syriennes. Mais il était difficile d’imaginer qu’elles useraient de tant de violence contre un enfant de 13 ans.

Dépouille. Originaire de la petite localité d’Al-Jizeh, Hamzeh al-Khatib avait été arrêté le 21 avril à Deraa, où est née la contestation, et sa dépouille n’a été rendue que le 25 mai à sa famille, qui a autorisé que ses blessures soient filmées. Les journalistes étrangers étant interdits en Syrie, toute vérification est impossible. Mais Haytham Manna, qui enquête sur chaque décès de contestataire pour la Commission arabe des droits de l’homme, a confirmé que le garçon était bien mort pendant sa détention : « C’est la quatrième fois qu’un enfant meurt dans des conditions similaires, mais c’est la première fois que l’un d’eux est mutilé. »

« Sur les 1 100 personnes tuées depuis le début du soulèvement, un peu moins de 30% ont moins de 19 ans. Ce sont des enfants selon la Convention des droits de l’enfant », ajoute-t-il. Selon le même chercheur, le père du garçon a été arrêté, puis relâché, et fait actuellement l’objet de pressions pour donner une autre version de la mort de son fils.

« Violence aveugle ». Sur la page Facebook « Syrian Revolution 2011 », moteur de la contestation, une photo présumée du garçon (ci-dessus) est accompagnée de cette légende : « Il a été tué sous la torture des gangs d’Assad. » Selon des militants, le garçon avait décidé de prendre part aux manifestations après la mort de son cousin, tué par la police. Confirmant l’alignement de la position de la France sur celle des Etats-Unis, Paris a condamné hier « avec la plus grande fermeté la violence aveugle et brutale dont continuent à user les services de sécurité syriens ». Le jeune Hamzeh « est devenu un symbole » de ces manifestants torturés, a précisé le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero.

De son côté, Damas a indiqué qu’une commission d’enquête sera formée pour déterminer les circonstances de la mort du garçon. Hier, Bachar al-Assad a également décrété une amnistie générale s’étendant aux Frères musulmans et aux détenus politiques. La mesure a été jugée « insuffisante » par un responsable de l’opposition, réunie en Turquie.

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