Japon : le traumatisme guette les enfants rescapés du tsunami

La priorité est de mettre en place "des espaces accueillants pour les enfants".

Publié le 26 mars 2011 sur OSIBouaké.org

LeMatin.ch - 22 mars 2011

L’horreur provoquée par le séisme et le tsunami au Japon laisse craindre des conséquences à long terme sur les enfants. Certains affichent déjà des signes de traumatisme, réveillés par des cauchemars ou se murant dans le silence.

Selon l’ONG Save the Children, quelque 100’000 enfants ont été déplacés par ce qui est désormais la pire catastrophe naturelle ayant frappé l’archipel depuis 1923, avec près de 20’000 morts ou disparus.

La possibilité de traumastismes durables est multipliée par une cascade d’épreuves à surmonter : une secousse de magnitude 9, un tsunami dévastateur et la peur d’un accident nucléaire majeur dans une centrale endommagée.

Les experts estiment que pour certains enfants, l’ampleur du désastre peut être tout simplement inconcevable : maisons détruites, mort d’un père ou d’une mère, disparition d’un frère, d’une soeur ou d’amis.

Et les premiers efforts pour les aider à accepter la tragédie ne peuvent être déployés que dans des conditions difficiles, avec des familles entassées dans des abris mal équipés, subissant le froid et les répliques du séisme.

Terrorisés

"Nous avons trouvé des enfants dans des conditions désespérées, blottis autour de lampes à pétrole ou enveloppés dans des couvertures", raconte le porte-parole de Save the Chidren, Ian Woolverton, qui a visité plusieurs abris dans les régions côtières du nord-est les plus touchées par les vagues géantes du 11 mars.

"Ils m’ont parlé de leurs angoisses, en particulier leur peur des radiations", continue-t-il, précisant que plusieurs d’entre eux avaient évoqué les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, dont ils ont appris l’histoire à l’école.

Les parents, souvent eux-mêmes traumatisés, tentent tant bien que mal de maîtriser leurs propres craintes pour les entourer d’un semblant de normalité et de sécurité.

Haruto, 2 ans, est toujours terrorisé par les fréquentes et parfois puissantes répliques, explique son père Atsushi Takahashi, 36 ans.

"Il a été terrifié, criant ’la maison tremble, je n’aime pas la maison’", raconte-t-il. "Je lui dis à chaque fois que tout va bien et je le prends dans mes bras (...) Nous devons laisser le temps soigner les blessures".

Espaces d’accueil

De nombreux enfants ont du mal à dormir, sans cesse réveillés par des cauchemars, alors que d’autres se sont complètement complètement répliés sur eux-mêmes, refusant que quiconque les approche sauf leurs parents qu’ils ne supportent pas de perdre de vue.

La priorité est de mettre en place "des espaces accueillants pour les enfants", insiste M. Woolverton. Des lieux où ils peuvent recommencer à jouer ensemble. "Je sais grâce à mes années d’expérience que si un enfant joue, cela peut écarter le risque d’un grave traumatisme émotionnel à long terme".

Cela permet aussi de "soulager" des parents qui peuvent pour un moment s’éloigner pour "trouver à manger, localiser des amis ou des membres de la famille, et à plus long-terme, un travail et un logement", dit-il.

Des grands-parents ont essayé une autre méthode, racontant comment ils avaient réussi à surmonter les difficultés après la seconde guerre mondiale.

"Nous devons vivre, quel que soit le prix", insiste Shigenori Kikuta, 72 ans. "Nous devons dire à nos jeunes de se souvenir et de raconter notre histoire aux futures générations".

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