Les forces de Gbagbo attaquent et font 25 à 30 tués à Abidjan

Cette attaque à l’arme lourde s’est produite dans le quartier d’Abobo. La violence augmente d’un cran chaque jour.

Publié le 18 mars 2011 sur OSIBouaké.org

Libération - 17/03/2011 - Par Thomas Hofnung

Totalement occultée par les événements tragiques qui se déroulent au Japon et en Libye, la Côte d’Ivoire connaît, elle aussi, des jours dramatiques. Selon un nouveau bilan fourni jeudi soir par les Nations unies à Abidjan, entre 25 et 30 personnes ont trouvé la mort, jeudi, dans le quartier d’Abobo suite à une attaque à l’arme lourde des forces de Laurent Gbagbo. Un précédent bilan faisait état de 12 morts.

C’est donc bien un carnage qui a été commis à la mi-journée sur un marché du quartier où des commandos "invisibles" infligent des pertes sévères aux hommes du président sortant depuis le mois dernier.

La violence augmente d’un cran chaque jour. La semaine dernière, des soldats de Gbagbo avaient ouvert le feu sur un rassemblement de femmes, tuant sept d’entre elles. Le camp d’Alassane Ouattara, reconnu comme le président élu par la communauté internationale, critique de plus en plus ouvertement la passivité des forces de l’Onu  , elles-mêmes prises à parti par les fidèles de Gbagbo.

Le mandat de l’Onu   l’autorise à recourir à la force pour protéger les civils, à Abidjan comme dans le reste du pays. Récemment, le représentant spécial de l’Onu   à Abidjan, Choi Young-jin, avait eu tendance, dans un récent entretien accordé à Libération, à renvoyer dos à dos les deux camps. Mais le carnage commis à Abobo ce jeudi par les forces de Gbagbo pourrait bien marquer un tournant dans la crise post-électorale en Côte d’Ivoire.

A plusieurs reprises, la Cour pénale internationale a indiqué qu’elle surveillait de près les événements qui se déroulent dans l’ancienne colonie française. L’annonce d’une enquête visant le camp Gbagbo pourrait désormais n’être plus qu’une question de jours.

Ces derniers jours, les associations humanitaires ou de défense des droits de l’Homme ( MSF  , la FIDH, Human Rights Watch) ont tenté d’alerter les opinions publiques sur le drame qui se joue actuellement en Côte d’Ivoire. Rien qu’à Abidjan, on estime que plus de 200 000 personnes ont fui les violences qui s’étendent désormais à plusieurs quartiers de la ville.

De source bien informée, on indique que le camp Gbagbo dispose de cinq lance-roquettes multiples (type BM21), une arme redoutable qui pourrait causer de nombreuses pertes civiles. "Va-t-on attendre que l’irréparable se produise ?", s’indigne un observateur étranger.

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