En Côte d’Ivoire, les deux camps se renvoient les accusations de fraudes

Un proche de Ouattara parle d’« empêchements systématiques » lors du second tour de la présidentielle, dimanche, et dans l’entourage de Gbagbo, on dénonce « de graves irrégularités ».

Publié le 29 novembre 2010 sur OSIBouaké.org

Libération - 29/11/2010 à 08h09 - De notre envoyé spécial Thomas Hofnung

L’accolade entre les deux candidats à la présidentielle, à l’issue du débat télévisé de la semaine dernière, n’est plus qu’un lointain souvenir. A peine les bureaux de vote ont-ils fermé leurs portes, dimanche soir, en Côte d’Ivoire que les camps de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara se sont mutuellement accusés d’avoir faussé le vote dans plusieurs régions du pays.

Un responsable du parti de Ouattara, Marcel Amon Tanoh, a fait état d’« empêchements systématiques » dans l’ouest visant des sympathisants supposés du candidat du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix), mais aussi dans certains quartiers d’Abidjan, à Abobo et Yopougon.

Dans la soirée, le ministère de l’Intérieur a fait état de deux morts, dont un soldat, dans des violences survenues à l’ouest. De son côté, le camp présidentiel a dénoncé les conditions de vote dans la moitié nord du pays.

« De graves irrégularités sont intervenues dans les zones contrôlées par les Forces nouvelles (ex-rebelles ndlr), où beaucoup d’intimidations et de contraintes ont été exercées » contre les électeurs de Laurent Gbagbo, a déclaré Pascal Affi N’Guessan, porte-parole du camp présidentiel. Au nord, « globalement le scrutin n’est pas transparent, il n’est pas sincère, il n’y a pas liberté de vote », a-t-il lancé. Et d’ajouter : « La réalité sur le terrain, c’est qu’il n’y a pas de désarmement », contrairement aux dispositions de l’accord de paix de 2007.

De tels propos pourraient préfigurer une demande d’annulation par le Conseil constitutionnel du vote dans des zones où Alassane Ouattara avait fait le plein des voix au premier tour. L’opposition pourrait riposter en faisant de même dans l’Ouest.

Les observateurs ont également noté que le ministère de l’Intérieur a mentionné, dans la soirée, une série d’incidents qui ont visé exclusivement des sympathisants du mouvement de Gbagbo et indiqué avoir transmis ces informations au Conseil constitutionnel.

En vertu d’une disposition prise avant le scrutin, cette instance dispose du droit de redresser les résultats si elle le juge légitime. Comme le souligne un observateur étranger, tous ses membres ont été nommés, au fil des ans, par le chef de l’Etat.

La Commission électorale indépendante doit annoncer une salve de premiers résultats ce lundi après-midi.

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