Afrique du Sud : Des enfants séropositifs s’adressent à leurs pairs à travers un livre

Publié le 8 juin 2005 sur OSIBouaké.org

DURBAN, 7 juin 2005 (PLUSNEWS) - Des enfants séropositifs sud-africains qui s’adressent à leurs pairs pour leur donner des informations sur le VIH  /SIDA   à travers un livre qu’ils ont eux-même écrit, c’est le projet sur lequel travaillent actuellement deux organisations non-gouvernementales de la province du KwaZulu Natal, à l’est du pays.

La publication, qui doit paraître très prochainement mais n’a pas encore de titre, affiche l’ambition de donner aux enfants l’opportunité de comprendre comment évolue l’infection au VIH  /SIDA   avec leurs propres mots.

Ce livre est le résultat d’une collaboration entre le centre de soins du VIH  /SIDA   de Sinikithema (“Nous donnons l’espoir”, en langue zulu) à Durban, qui offre des services de dépistage, de conseils et de soutien, et HIVAN, le réseau de recherche sur le VIH  /SIDA   de l’université du KwaZulu-Natal.

Selon Lauren Cobham, responsable du projet, le livre donnera aux enfants séropositifs des explications scientifiques sur la manière dont le virus agit sur le corps à travers des textes et des dessins d’enfants, mais il pourra aussi être utilisé comme un support éducatif dans les écoles sud-africaines.

Alors que l’Afrique du Sud est l’un des pays les plus durement touchés par l’épidémie avec un taux de prévalence du VIH   de 21,5 pour cent selon le programme conjoint des Nations Unies sur le sida   (Onusida  ), le pays manque toujours d’outils pédagogiques pour aider les plus jeunes à comprendre ce qu’est le VIH  /SIDA  .

Environ 230 000 enfants vivaient avec le virus en Afrique du Sud fin 2003, selon l’Onusida  , sur un total national de 5,3 millions de personnes infectées par le VIH  .

“C’est traumatisant pour des enfants de ne pas comprendre la maladie qu’ils ont”, a dit Cobham à PlusNews.

Le contenu du livre a été choisi après une série d’ateliers en avril, des ateliers auxquels ont assisté sept enfants séropositifs, informés de leur statut. Agés entre 11 et 14 ans, ils étaient “enthousiastes” à l’idée de pouvoir aider d’autres enfants à comprendre la réalité du VIH  , a affirmé Cobham.

Les jeunes participants à l’atelier ont chacun créé une poupée à laquelle ils parlaient du virus, du corps et de son système immunitaire, des médecines traditionnelles et modernes, du suivi des traitements ou encore de la tuberculose. Ces jeux de rôles seront inclus dans le livre.

Cobham a expliqué qu’il était plus facile pour des enfants de raconter leur histoire de façon indirecte, plutôt que de parler ouvertement de leurs expériences.

“On était vraiment très surpris par l’étendue des connaissances des enfants sur le virus, mais nous avons aussi dû les reprendre sur un certain nombre d’idées préconçues, comme le fait que le virus peut traverser le préservatif”, a-t-elle dit.

Le fait d’utiliser des poupées comme personnages principaux du livre va aussi permettre de garantir l’anonymat des enfants, dont plusieurs n’ont pas publiquement révélé leur séropositivité.

“Les enfants sont tout à fait conscients et aussi très inquiets de la stigmatisation liée au VIH  /SIDA  , particulièrement vis-à-vis de leurs camarades d’école”, a dit Cobham.

Une équipe, comprenant un travailleur de santé, un psychologue, un conseiller et un médecin était présente pendant toute la durée de l’atelier pour apporter un soutien psychologique et émotionnel.

Les sept enfants qui ont participé à l’élaboration du livre sont aussi membres d’un centre de loisirs pour des enfants séropositifs sous traitement antirétroviral (ARV  ) ou qui s’apprêtent à en commencer un.

“Les enfants expriment leur sentiment tout en jouant”, a dit Monty Thomas, responsable de l’équipe de conseillers du centre Sinikithema. “A travers le jeu, on peut détruire les barrières de la communication qui existent entre les enfants et les adultes”.

Les sept enfants continueront à se réunir après la parution du livre dans le cadre d’un groupe de soutien mutuel. Généralement, a rappelé Cobham, les enfants de cette catégorie d’âge ne révèlent pas publiquement leur statut, mais selon la responsable du projet, le livre a aidé les enfants à parler plus ouvertement aux autres de leur maladie.

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