Les vrais hommes ne pleurent pas

ou peut-être le font-ils ?

Publié le 21 avril 2009 sur OSIBouaké.org

Rio de Janeiro, 20 avril 2009 - PlusNews

Les hommes ne pleurent pas. Les hommes prennent des risques. Les hommes ne demandent pas d’aide. Les hommes sont forts. Les hommes ont plusieurs partenaires sexuels. Ces stéréotypes de masculinité contribuent à la propagation du VIH   dans le monde, ont prévenu des experts lors d’un récent symposium.

« Ces stéréotypes, parmi d’autres facteurs, entravent l’accès aux soins de santé, l’expression de sa propre sexualité, l’accès aux services de santé sexuelle et génésique et la vulnérabilité au VIH   », a dit Purmina Mane, directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), au premier Symposium mondial impliquant les hommes et les garçons pour atteindre l’égalité des genres, qui s’est tenu récemment à Rio de Janeiro, au Brésil.

Mentionnant plusieurs études, Mme Mane a souligné que les comportements à risque étaient acceptés et même encouragés chez les hommes, et que bon nombre de ces hommes se montraient plus soucieux de leur masculinité que de leur santé.

Des études ont montré que les connaissances en matière de santé parmi les hommes était moins importantes que chez les femmes, et que la santé de la reproduction était généralement considérée comme étant une affaire de femmes.

Les femmes parlent de grossesse, de planification familiale, de cancer du sein et de ménopause, mais elles parlent moins, ou pas, de plaisir sexuel ; les hommes discutent de performances sexuelles, de dysfonctionnements sexuels et de concentration spermatique, mais jamais de méthodes de contraception.

Lorsque ce manque de connaissances est renforcé par d’autres stéréotypes machistes – comme le fait que demander de l’aide est un signe de faiblesse – la santé des hommes devient encore plus à risque.

Dans le cas du VIH  , les hommes sont connus pour utiliser beaucoup moins fréquemment que les femmes les services de conseil et de dépistage volontaire, ils ont également tendance à démarrer leur traitement antirétroviral plus tard que les femmes.

« Des diagnostics et des traitements tardifs signifient que beaucoup d’hommes continuent à avoir des relations sexuelles non protégées, courant le risque d’être surinfecté et d’infecter involontairement leurs partenaires », a dit Mme Mane. « Beaucoup d’hommes ont plusieurs partenaires sexuelles parce que c’est ce que l’on attend d’eux. La masculinité est inculquée par la culture et la tradition, qui disent que les hommes doivent être des étalons »

Ces stéréotypes ont aussi des conséquences sur les femmes. Dumisani Rebombo, un conseiller technique de l’organisation internationale de santé génésique EngenderHealth en Afrique du Sud, s’est souvenu d’un patient qu’il avait conseillé après un diagnostic de séropositivité.

« Je lui ai demandé quelles seraient ses prochaines étapes, et je lui ai demandé d’amener sa femme au groupe de soutien. Il a répondu qu’il n’allait pas révéler son statut à sa femme, pas plus qu’il n’allait utiliser un préservatif, parce qu’il était un homme et qu’il allait trouver un moyen de gérer cela », a-t-il raconté.

La notion de puissance et d’invincibilité de l’homme est l’un des principaux facteurs de risque d’infection au VIH  , a commenté M. Rebombo.

Perception sélective

Graça Sambo, directrice exécutive de Fórum Mulher, une organisation non gouvernementale de promotion des droits de la femme, a estimé que l’idée selon laquelle les hommes devaient avoir plusieurs partenaires sexuelles contribuait au taux de prévalence national de 16 pour cent au Mozambique, l’un des plus élevés au monde.

« Beaucoup d’hommes ont plusieurs partenaires sexuelles parce que c’est ce que l’on attend d’eux », a-t-elle dit. « La masculinité est inculquée par la culture et la tradition, qui disent que les hommes doivent être des étalons ».

Mme Sambo a souligné que bien que l’information sur le VIH   et le danger que représentait le partenariat sexuel multiple soit largement disponible, si cela impliquait un changement de comportement, les hommes préféraient l’ignorer.

« Nous avons besoin d’hommes qui pensent autrement, et qui peuvent influencer le changement de comportement… Beaucoup d’entre eux changent dans la sphère privée et agissent de manière plus consciencieuse, mais amener ce changement dans la sphère publique est très difficile, parce qu’il y a toujours un gros problème de pression des pairs et [les hommes] ont peur qu’on se moque d’eux ».

« Nous devons redéfinir ce qu’est un homme », a conclu Mme Mane, de l’UNFPA. « Le VIH   est une opportunité de réévaluer la rigidité de ces normes ».

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