Au nom du père, de tous, du ciel : les Justes du Rwanda
Publié le 21 octobre 2012 sur OSIBouaké.org
OSI Bouaké - DG - 21 Octobre 2012 - Un film qui date de 2010 et que je découvre seulement aujourd’hui, un nouveau regard sur le génocide du Rwanda...Dans "Au nom du Père, de tous, du ciel", Marie-Violaine Brincard donne la parole aux "justes" du Rwanda, à ces hommes et femmes qui ont risqué leur vie, celle de leur famille pour sauver des Tutsi du massacre qui leur était promis... Avec sobriété et humanité, elle filme cinq familles Hutu qui témoignent de ces actes "héroïques" qui leur ont semblé pourtant bien ordinaires...
D’avril à juillet 1994, au Rwanda, quelques Hutu résistent à la terreur génocidaire et décident d’accueillir et de sauver des Tutsi. Quinze ans plus tard, malgré des tentatives symboliques de reconnaissance, ils sont toujours marginalisés : traîtres pour certains et tueurs potentiels pour d’autres. Joseph, Joséphine, Léonard, Augustin et Marguerite racontent comment, au péril de leur vie, ils ont caché des Tutsi et les ont aidés à s’enfuir. Leurs paroles résonnent alors dans les lieux où ils ont résisté, des collines de Nyanza aux rives du lac Kivu, rendant ainsi sensible l’humanité dont ils ont fait preuve.
Voici la présentation du film par Yann Lardeau (réalisateur et critique de cinéma) :
"Écriture minimaliste pour ce film qui revient sur le génocide du Rwanda, quinze ans après, sous un angle particulier, celui des Justes, des Bienfaiteurs (Abagizeneza). Ils sont quelques Hutu à s’être opposé au bain de sang, à avoir risqué leur vie pour sauver des Tutsi. Cinq d’entre eux relatent leur choix, leurs peurs. Ils racontent des gestes simples, évidents, sauf qu’ils ne l’étaient pas : le film commence sur le récit d’un berger amputé, le genou broyé pour avoir caché un fugitif. La qualité d’ Abagizeneza tient à l’unité de son regard, à la rigueur de sa construction en modules autour des personnages. Quelques plans serrés d’abord du cadre de vie, des intérieurs rudimentaires, suivis du témoignage frontal, en plan américain, jamais en gros plan : la solitude de la décision, la vulnérabilité des personnes n’en ressortent que davantage. Puis un plan large de la nature autour, des cuvettes cernées de monts brumeux, une campagne paisible aux sons bucoliques et aux rondeurs trompeuses : la scène de la tragédie. Et un fondu au noir ouvrant sur le témoignage suivant. Mais la transition est biaisée : le personnage de la séquence suivante apparaît fugitivement, muet, avant le fondu au noir. Le film crée ainsi un lien ténu mais persistant entre chacun de ces bienfaiteurs. Cette passerelle est essentielle : elle conjure une blessure qui a atteint la langue même. Jadis les adultes étaient indifféremment des « oncles » et des « tantes » pour les jeunes générations, qu’ils soient tutsi ou hutu"
François jérome Brincard Marie-violaine Brincard
Type : Documentaire : Historique, Guerre Durée : 52 mn VO : Français Autre langue : Anglais Editeur : Docnet Films Nombre de disque : 1 Pays : France Disponible en DVD