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Côte d’ Ivoire : le Fonds mondial attend des explications


16 juin - La Côte d’Ivoire ne bénéficiera pas de la deuxième subvention VIH  /SIDA   du Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme tant qu’elle ne justifiera pas l’utilisation des premiers financements, selon l’institution financière et ses partenaires.

Selon Mabingue Ngom, en charge de l’Afrique centrale et de l’Ouest au Fonds mondial à Genève, le décaissement des 42,8 millions de dollars prévus dans le cadre de la deuxième phase de la subvention VIH  /SIDA   est lié à la finalisation des indicateurs de progrès, qui auraient dû être réalisés grâce à la première tranche de financement.

“Tout accord de financement se fait sur la base d’un tableau de résultats. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, ce tableau n’est pas prêt”, a expliqué M. Ngom à PlusNews jeudi. “On ne signera la deuxième tranche avec la partie ivoirienne que lorsqu’on sera d’accord sur ce tableau, qui n’est autre que la synthèse de ce que l’on finance.”

“Il faut être particulièrement vigilant parce que c’est la première subvention de la Côte d’Ivoire qui passe en phase 2”, a-t-il ajouté.

L’institution financière et la Côte d’Ivoire ont signé en décembre 2003 un programme de lutte contre le VIH  /SIDA   de cinq ans, doté d’une enveloppe de 55, 8 millions de dollars. A ce jour, seuls 17 millions de dollars ont été mis à la disposition des autorités ivoiriennes dans le cadre de la première phase.

Le dernier décaissement a eu lieu le 23 juin 2005, il y a près d’un an, selon les partenaires du Fonds mondial à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, qui ont dit attendre des éclaircissements de la part du principal bénéficiaire de la subvention, le Programme des Nations unies pour le développement, Pnud, qui gère les financements accordés à la Côte d’Ivoire.

“Le [Pnud] ne parvient pas à nous convaincre, les indicateurs ne sont pas cohérents”, a expliqué un des partenaires du programme, qui a requis l’anonymat. “Nous demandons des éclaircissements depuis décembre 2005 et, chaque fois, c’est insuffisant”, a-t-il précisé.

Selon cette source, les discussions se poursuivent au sujet de l’élaboration du budget de financement de la deuxième phase.

Une nouvelle date-butoir pour la remise de l’évaluation de la première tranche a été fixée au 29 mai, mais aucun document n’est jusqu’alors parvenu à l’institution internationale.

En Côte d’Ivoire, le Fonds mondial finance la mobilisation communautaire et la distribution de préservatifs en zone rurale, l’accélération de l’accès au dépistage et au conseil, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, l’amélioration des soins aux personnes vivant avec le VIH  /SIDA   et le renforcement des capacités nationales d’évaluation et de contrôle.

Aucune explication sur les causes de ce retard et ses conséquences pour les personnes vivant avec le VIH  /SIDA   n’a pu être obtenue vendredi, le responsable du dossier au Pnud à Abidjan n’étant pas disponible.

Selon la représentation nationale du programme commun des Nations unies sur le sida  , Onusida  , l’évaluation et la coordination des programmes en Côte d’Ivoire posent de “sérieux problèmes”.

“Il n’y a pas de rapport disponible, on ne sait pas qui fait quoi, où et pour quels résultats”, a expliqué Aoua Diawara, la représentante d’Onusida   dans ce pays d’Afrique de l’ouest, coupé en deux depuis septembre 2002 et l’irruption, au nord, d’une rébellion armée.

“Même en situation stable, les indicateurs posent problème : il est très difficile de trouver les compétences et les moyens de renforcer le suivi et l’évaluation des programmes”, a ajouté Mme Diawara.

Selon les premiers résultats de l’étude comportementale initiée par l’Etat et ses partenaires en 2005, le taux de prévalence nationale au VIH   aurait chuté de 30 pour cent à 4,7 pour cent, depuis la dernière estimation des Nations unies, établie en 2003 à 7,1 pour cent.

Mais selon des acteurs de la lutte contre le sida   dans les zones sous contrôle rebelle, le taux d’infection pourrait être beaucoup plus élevé compte tenu de l’absence de structures de dépistage et de prise en charge ainsi que de la faiblesse des campagnes de prévention auprès d’une population appauvrie, devenue particulièrement vulnérable au VIH   et à la tuberculose.

Les responsables désignés des centres de dépistage volontaire et anonyme, mis en place en 2005 dans l’ouest et le centre grâce aux financements du Fonds mondial, ont expliqué à PlusNews ne pas avoir perçu de rémunération depuis janvier 2006.


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Publié sur OSI Bouaké le vendredi 16 juin 2006

 

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