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Crise silencieuse en République centrafricaine

MSF a relevé en RCA des taux de mortalité bien supérieurs au seuil d’urgence qui définit une crise humanitaire


Olivier Talles - La Croix - 14 Décembre 2012 - Loin des projecteurs, la République centrafricaine (RCA) traverse une crise humanitaire qui ne dit pas son nom. Dans cette ancienne colonie française d’Afrique centrale, l’état d’urgence n’est pas l’exception mais la norme, même quand il n’y a pas de catastrophe climatique ni de conflit généralisé.

« La RCA détient la deuxième espérance de vie la plus faible du monde, soit 48 ans (NDLR : juste devant le Malawi, 47 ans). Le taux de mortalité est supérieur au seuil d’urgence qui définit une crise humanitaire », écrit Médecins sans frontières dans un rapport alarmant sur la situation.

Les « French doctors » ont mené quatre enquêtes séparées pour calculer la surmortalité en 2010 et 2011. À titre d’exemple, les études ont relevé que, dans la ville de Carnot, près de sept enfants de moins de 5 ans sur 10 000 meurent chaque jour.

Les taux de mortalité sont près de quatre fois supérieurs au seuil d’urgence. Ils dépassent les chiffres collectés au Darfour (ouest du Soudan) en 2004, au plus fort de la guerre, ou encore ceux comptabilisés à Dadaab, le camp de réfugiés somaliens à la frontière du Kenya, durant la famine du mois de juillet.

« Un système de santé fantôme, laminé par des années d’instabilité politico-militaire, des problèmes structurels gigantesques et l’insécurité dans l’est du pays font qu’aujourd’hui l’état sanitaire de la population est catastrophique », résume Olivier Aubry, chef de mission pour MSF   en République centrafricaine.

Absence de système sanitaire

En province, il n’y a pas d’accès aux soins. Les centres de santé manquent de médicaments et surtout de personnels qualifiés. On recense 118 médecins, dont la moitié exercent dans la capitale, Bangui, pour 3,5 millions d’habitants.

L’absence de système sanitaire se traduit par des épidémies qui tendent à diminuer ailleurs en Afrique. Première cause de mortalité, le paludisme toucherait tous les habitants du pays. L’épidémie de sida   y est aussi la plus élevé d’Afrique centrale, avec 110 000 adultes contaminés par le VIH   selon les estimations d’Onusida  .

Rougeole, méningite, tétanos, coqueluche, fièvre jaune et poliomyélite sont régulièrement détectés du fait de la faiblesse de la couverture médicale. La malnutrition est une autre cause importante de la mortalité.

Malgré l’ampleur de la crise sanitaire, les acteurs de l’aide ne se bousculent pas. « Alors que les besoins n’ont fait qu’augmenter ces cinq dernières années, les donateurs ont considérablement réduit leur financement », note le rapport.

Le désintérêt de la communauté internationale n’explique pas tout. Des détournements d’argent au sein de l’administration locale ont aussi refroidi des organisations comme le Fonds mondial de lutte contre le sida  . « Mais face à l’urgence médicale, de nouveaux modèles d’aide doivent être envisagés », alerte MSF  .

.: République centrafricaine : une crise silencieuse :.

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Publié sur OSI Bouaké le jeudi 15 décembre 2011

 

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