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Aspects psychologiques de l’infection par le VIH chez les enfants

par Hortense AKA DAGO-AKRIBI, Psychologue-clinicienne à Abidjan, Côte d’Ivoire


Compte tenu de l’urgence de l’intervention auprès des enfants, les aspects médicaux et sociaux ont été privilégiés tandis que les troubles psychologiques et émotionnels ont été négligés. Ils doivent pourtant être abordés si nous souhaitons améliorer la qualité de vie des enfants.

L’enfant est un être en devenir, dont les fonctions psychiques et physiques nécessitent une harmonisation, les troubles de l’une entraînant les troubles de l’autre. Les facteurs de risque dépendent de l’âge, du milieu socio-économique, de l’infection de l’enfant et de celle de ses parents.

L’enfant séropositif est en situation de vulnérabilité psychologique. Nous constatons des difficultés, liées à la difficile relation des parents avec le corps malade de l’enfant ; des retards de développement psychologique ; des troubles du comportement ; des états dépressifs ; des pathologies anxieuses et organiques ; des perturbations de l’image de soi, de la dynamique relationnelle familiale et de l’adaptation scolaire.

L’obligation de prendre des antirétroviraux à vie entraîne de l’anxiété et de la dépression chez l’enfant et chez son entourage. L’annonce de la maladie pouvant être très mal reçue, elle nécessite un soutien psychologique. A l’âge adolescent, non seulement la logique affective est en crise, mais l’image de soi est perturbée. Certains passages à l’acte des adolescents (refus de continuer le traitement, refus d’aller à l’école) sont équivalents à des prises de risque suicidaire. Les deuils vécus par les enfants entraînent un manque d’amour et d’affection, d’où une difficulté dans les relations de la vie quotidienne. .Les parents se sentent souvent responsables et coupables d’avoir mis au monde un enfant infecté, puisqu’il s’agit très souvent d’une transmission mère-enfant. Les enfants séropositifs de naissance sont soit surprotégés, soit rejetés par les parents - qui les considèrent comme « déjà morts ».

Des problèmes existent au sein de la fratrie, car des griefs surgissent contre l’enfant infecté lorsqu’il est surprotégé par ses parents. La fratrie peut avoir honte d’avoir un frère atteint du VIH  , et ne pas savoir comment en parler à l’école. Lorsque l’enfant infecté décède, la fratrie éprouve souvent une grande culpabilité. Une rupture a souvent lieu avec les membres de la famille élargie. Lorsque les enfants devenus orphelins sont pris en charge, ils sont souvent dispersés dans des familles d’accueil différentes. De même, leur environnement peut brusquement changer : un enfant ayant grandi en ville devra par exemple aller vivre au village. Les enfants sont parfois pris en charge - mais rarement, car c’est l’attitude de rejet qui prédomine - par les grands-parents, l’oncle, les amis de la famille, etc. On observe par ailleurs l’émergence des familles monoparentales, dans le cas où l’un des parents est décédé ou dans le cas des filles-mères.

En raison de l’émergence de cette nouvelle catégorie d’enfants vulnérables et d’orphelins du sida  , des structures d’accueil transitoires se créent. Il se pose le problème de la confidentialité, de la compétence des professionnels, de la dépendance financière aux structures internationales, de la formation et de l’accès aux antirétroviraux.

En milieu urbain, des psychothérapies individuelles ou de groupes (à destination des parents, des enfants, et du personnel soignant) peuvent être réalisées dans les structures médicales. L’équipe soignante peut investiguer à l’endroit des familles. Sur le plan communautaire, les ONG peuvent jouer un rôle -comme tout un chacun - dans la mise en place de visites à domicile, de groupes de paroles, d’activités génératrices de revenus, d’accueil transitoire de l’enfant le temps de sensibiliser la famille, etc. La pluridisciplinarité et la concertation sont essentielles. En milieu rural, il est difficile de mener des actions ciblées à cause du manque de confidentialité. La sensibilisation et l’action envers tout enfant infecté peut cependant contribuer au soutien psychologique. Il est nécessaire de sensibiliser aussi bien les familles que les soignants à la prise en charge psychologique, qui doit être liée à la prise en charge sociale.

.: La vidéo de l’intervention d’Hortense Aka Dgo-Akribi :.

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Publié sur OSI Bouaké le dimanche 1er octobre 2006

 

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