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Traitement du Sida : désormais gratuit au Cameroun !



Alain TCHAKOUNTE, Cameroon Tribune du 20/04/2007

Le Minsanté, Urbain Olanguena Awono a annoncé la gratuité des antirétroviraux hier lors d’un point de presse.

La mesure prend effet dès le 1er mai.

"Historique ! " Les manifestations de joie n’étaient certes pas exubérantes. Mais on sentait bien dans les mots, et les intonations des différents acteurs que le Cameroun vient de franchir un cap important dans la grande bataille contre le VIH  /Sida  . Et Urbain Olanguena Awono, ministre de la Santé publique a eu le beau rôle. Celui d’annoncer la nouvelle tant attendue aux 16 millions de Camerounais, malades ou non, mais tous concernés par le sida  . " Sur hautes prescriptions du chef de l’Etat, le gouvernement de la République du Cameroun a décidé ce jour [jeudi 19 avril, NDLR], la gratuité des traitements par les antirétroviraux pour toutes personnes vivant avec le VIH  /Sida   éligibles à ce type de traitement. Cette décision qui entrera en vigueur sur l’ensemble du territoire national à compter du 1er mai 2007 s’inscrit en droite ligne du plan stratégique national de lutte contre le VIH  /Sida   2006-2010 dans son axe prioritaire de rendre accessible les traitements ARV   pour tous ", a déclaré en substance le ministre de la Santé publique hier devant un parterre impressionnant d’experts, d’acteurs de la société civile et de représentants des différents médias nationaux et internationaux.

" C’est un grand jour et une bonne nouvelle pour les malades du sida  , exulte Nathalie Machoussi, représentante du réseau d’association des personnes vivant avec le VIH  /Sida   (Recap+). La gratuité vient à point nommé". Il s’agit en effet d’une décision attendue par les familles, qui intervient selon le Minsanté après les accords de financement signés le 29 mars dernier à Genève en Suisse avec le Fonds mondial de lutte contre le sida  , le paludisme et la tuberculose. 5,5 milliards de Fcfa, c’est le montant de l’engagement financier global pour la mise en œuvre de cette politique d’accès universel qui intègre aussi le traitement des maladies opportunistes. Les ARV   pourront être disponibles dès le 1er mai dans les institutions hospitalières privées et publiques de l’étendue du territoire.

" Nous revenons de loin ", peut souffler Urbain Olanguena Awono. Compréhensible, quand on se souvient seulement qu’en 2001, les ARV   mensuels coûtaient…600.000 Fcfa. La marche vers la gratuité n’a pas été de tout repos. Comme l’expliquent les autorités du Minsanté, dans le cadre du 1er plan stratégique 2000-2005, le Cameroun dès 2001 a adhéré à l’initiative " Access to Treatment ", qui visait essentiellement à baisser les prix, grâce à l’engagement des grands laboratoires scientifiques. Résultat : parce que cette option était très forte, la baisse a été marquée de près d’un tiers. En 2002, dans le cadre de la politique d’introduction du médicament générique, on est passé de 70.000-100.000 Fcfa par mois à une somme tournant autour de 21.000-22.000 Fcfa. Avec la politique de subvention directe du gouvernement, on est parvenu à un traitement oscillant entre 15.000 et 18.000 Fcfa.

En 2003, le Fonds mondial accepte de subventionner le traitement à hauteur de 50%. Ce à quoi devait s’ajouter la subvention de l’Etat. En 2004-2005, on note aussi la baisse des prix des examens biologiques, avec des plages gratuites pour les femmes enceintes. En 2006, les prix sont restés entre 3000 F et 7000 F pour les 1er et 2e protocole de traitement.

En 2001, alors que le coût des ARV   était de 600.000 Fcfa, on ne comptait que 600 malades sous traitement. Aujourd’hui on en est à 31.000, et les responsables du Minsanté espèrent atteindre 43.000 personnes adultes et 4.000 enfants malades d’ici la fin de l’année. Cette décision, revèle-t-on de source bien informée, a été prise grâce aussi aux apports de partenaires tels que la Fondation Clinton, ou encore Unitaid  , la nouvelle facilité internationale d’achat des traitements à laquelle le Cameroun a adhéré. Actuellement, 70% des malades du sida   — 5,5% de la population camerounaise — a moins de 40 ans. La mesure servira à réduire l’hécatombe. Et espérer un avenir meilleur, malgré le sida  


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 20 avril 2007

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