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Le chercheur Jacques Leibowitch veut "en finir avec le sida"



Yagg | 3 décembre 2011 | par Christophe Martet |

Jacques Leibowitch n’est pas un spécialiste du VIH   comme les autres. Si dans les années 80, il a fait partie des pionniers dans la découverte du virus, s’il a contribué à la mise en place de la charge virale comme examen de routine et les trithérapies comme traitements de référence, il n’est pas toujours en phase avec les tenants de la recherche officielle. Il suffit parfois de l’entendre critiquer l’Agence nationale de recherches sur le sida   pour s’en convaincre…

« UN GRENELLE DU SIDA   »

Dans son livre, Pour en finir avec le sida  , Jacques Leibowitch propose une relecture critique de notre vision du VIH  . Il insiste notamment sur un point qui a fait beaucoup parler ces dernières années : le traitement comme outil de prévention. Il martèle qu’aujourd’hui, les séropositifs sous traitement efficace ne transmettent plus le virus. Et ce fort en gueule de réclamer un « Grenelle du sida   » : « Tous ceux qui interviennent dans les domaines liés au VIH   et au SIDA   sont convoqués : pour les contaminations dans les groupes les plus vulnérables, il faut engager une nécessaire réorientation des thématiques et des moyens de prévention, en s’appuyant, notamment, sur la formidable capacité qu’ont les traitements antiviraux de rendre non transmetteurs les séropositifs bien suivis. »

CYCLES COURTS DE TRAITEMENT

Et Jacques Leibowitch, qui continue de suivre des patients séropositifs, de plaider dans son essai pour l’instauration de traitements de suite, moins lourds, avec moins de prises, après une phase d’attaque agressive contre le virus. Il expérimente des cycles courts de traitement, comme ceux qu’il teste actuellement à Garches. Les patients prennent le traitement quatre jours sur sept, parfois même moins et il n’y a selon lui aucun échec après plusieurs années de suivi. Pour lui, si l’on pouvait se passer d’une partie des traitements, quelle énorme économie d’effets secondaires, de coût et quel formidable argument pour se faire traiter. Pour le moment, il a du mal à convaincre les autorités de santé de mener un essai à grande échelle.

« LA CONCEPTION IMMUNOMILITAIRE »

Jacques Leibowitch prend également plaisir à démonter les dogmes, ce qu’il appelle la « conception immunomilitaire » du sida   selon laquelle, pour l’essentiel, « le virus se livre à une mise hors de combat de certains globules blancs ». Ce sont les fameux lymphocytes TCD4+ (ou T4). Mais pour Leibowitch, cet académisme dominant est un peu court et ne suffit pas à expliquer tous les mécanismes qui entrent en jeu dans la maladie sida  . Selon lui, il faudrait regarder bien plus précisément ce qui se passe du côté du processus d’inflammation.

Cela ne change rien, et Leibowitch en convient, au fait que les traitements antiviraux change la donne et qu’il faut maintenant mettre le paquet pour qu’ils soient rendus accessibles partout. Jacques Leibowitch parle comme il écrit ou l’inverse. Cela donne un essai sans langue de bois, vif, très documenté, mais avec parfois une « novlangue » très personnelle où les jeux de mots, les néologismes, les références s’entrechoquent dans une même phrase. La lecture en devient un peu complexe. On aurait aimé un style un peu plus sobre, pour cette analyse revigorante de l’épidémie et des moyens d’y mettre fin.

  • "Pour en finir avec le sida  ", de Jacques Leibowitch, Plon, 117 p., 15€.

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Publié sur OSI Bouaké le dimanche 22 janvier 2012



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