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La guérison du VIH : une « nouvelle frontière » de la recherche mondiale contre le sida



Yagg, Christophe Martet, 21 Juillet 2012 - Françoise Barré Sinoussi, codécouvreuse du VIH   et 34 chercheurs lancent un nouveau programme à l’occasion de la conférence mondiale sur le sida  , qui s’ouvre dimanche 22 juillet à Washington. « Vers la guérison du VIH   » ["Towards an HIV Cure"] : le nom de ce programme scientifique de l’International Aids Society (avec le soutien du NIH, de l’ANRS, de Sidaction et de TAG) est volontariste et ambitieux.

La perspective de guérison, impensable il y a quelques années, s’appuie aujourd’hui sur de nouvelles données encourageantes. L’éradication n’est pas pour demain mais elle connaît un intérêt croissant. Jeudi 19 juillet, trois jours avant l’ouverture de la conférence mondiale sur le sida   dans la capitale américaine, deux conférences de presse avaient lieu, une à Washington, animée par Françoise Barré-Sinoussi, l’autre à Paris, avec Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida  . Preuve que le sujet est important et qu’il devrait dominer la conférence. Yagg vous donne des clefs pour mieux comprendre cette nouvelle stratégie.

Jean-François Delfraissy fait le point sur le lancement de la stratégie "Towards an HIV Cure".

Guérison : de quoi parle-t-on ?

Pour Jean-François Delfraissy, il y a deux scénarios possibles lorsqu’on parle de guérison. Soit, comme c’est le cas avec l’hépatite C, les traitements permettent de supprimer définitivement le virus responsable. C’est ce qu’on appelle l’éradication. Un autre scénario est la guérison fonctionnelle : le virus reste présent en très petite quantité dans l’organisme mais le système immunitaire serait capable de le contrôler sans traitement.

Pourquoi la recherche s’intensifie sur l’éradication ?

Pour une grande majorité de patients, le traitement est efficace. Mais il reste assez contraignant, pas toujours exempt d’effets secondaires, et extrêmement coûteux. Même en version générique, un traitement à vie reste une dépense que beaucoup ne peuvent pas se permettre dans le Sud. Il faut donc envisager un monde sans sida  , avec des patients qui au mieux, se seraient débarrassés du virus ou qui le contrôleraient à vie sans traitement et sans être infectieux.

Des recherches récentes donnent un certain espoir à ces scénarios. Le patient de Berlin est un cas unique mais très probant, d’un séropositif, qui, après avoir subi des greffes et avoir reçu des cellules résistantes au virus, a pu s’en débarrasser complètement. Cela prouve que la voie de l’éradication est envisageable. Le scénario de la guérison fonctionnelle s’appuie notamment sur les résultats d’une cohorte française, Visconti. Quinze patients traités au tout début de la primo-infection (une dizaine de jours après la contamination) et pendant une durée de 2 ans et 8 mois, ont pu ensuite, sans traitement, contrôler le virus sans recours aux médicaments. De même, quelques rares séropositifs qui n’ont jamais été traités arrivent à ne jamais tomber malades. On les appelle les contrôleurs à long terme. Comment profiter de ces informations pour avancer, c’est tout l’enjeu de cette nouvelle stratégie.

Comment fonctionnent les réservoirs du virus ?

On sait que le VIH  , une fois entré dans l’organisme, va infecter de très nombreuses cellules, dont certains réservoirs, dans lequel le virus peut rester « dormant » pendant des années. Non activé, il n’est pas touché par les antirétroviraux actuels. Autre donnée capitale : même si le virus chez les patients traités est très peu présent, les mécanismes d’inflammation et d’activation cellulaire existent et ont un effet délétère à long terme. Toute la stratégie de "Vers la guérison du VIH  ", comme l’a souligné Moncef Benkriane, du CNRS, est d’identifier les cellules réservoirs, de comprendre pourquoi le virus y est dormant, de comprendre l’origine de l’activation cellulaire et de l’inflammation et de trouver des molécules pour traiter ce réservoir. On le voit, il y a encore beaucoup d’obstacles et beaucoup d’inconnues.

Quel est l’intérêt de cette stratégie ?

C’est une stratégie sur le long terme qui va se mettre en place. Pour les chercheurs, il n’est pas question d’annoncer un calendrier, encore moins une perspective de réussite. Mais la volonté est là, les moyens aussi (plusieurs dizaines de millions de dollars aux États-Unis, plusieurs millions d’euros en Europe), et un certain optimisme flotte. David Haerry, séropositif et membre d’EATG (une association pan-européenne sur les traitements), a expliqué en quoi cette stratégie était très excitante pour les patients : plus de médicaments, plus de peur de contaminer, et une réduction des coûts, donnée essentielle pour les malades des pays pauvres.


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Publié sur OSI Bouaké le dimanche 22 juillet 2012

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