OSI Bouaké - La Roumanie veut donner une chance à ses orphelins, 20 ans après Ceausescu Accueil >>  Orphelins du sida, orphelins et enfants vulnérables (OEV)

La Roumanie veut donner une chance à ses orphelins, 20 ans après Ceausescu



AFP, 17 décembre 2009

Vingt ans après la chute du régime communiste, qui avait révélé l’existence de milliers d’enfants squelettiques abandonnés dans des mouroirs, la Roumanie a réformé le système de prise en charge des mineurs et s’attache à donner une chance à ses orphelins.

Conséquence de la politique nataliste du dictateur Nicolae Ceausescu qui avait interdit les interruptions volontaires de grossesse, les bébés non souhaités étaient souvent abandonnés puis placés par milliers dans des foyers insalubres, non chauffés et encadrés par un personnel insuffisant et souvent indolent.

Aujourd’hui, dans un foyer pour enfants handicapés de Buzau (est), Vladut, deux ans, ou Gabita, trois ans, sont dorlotés par plusieurs éducatrices et assistantes qui s’affairent autour d’eux dans les salons joliment décorés.

Si la Roumanie compte toujours environ 70.000 mineurs abandonnés, seuls 19.000 d’entre eux vivent dans des foyers publics. Près de 45.000 autres sont soignés par des assistants maternels ou des parents lointains, le reste étant soit dans des institutions privées soit pris en charge par des tuteurs.

"La différence est énorme, les conditions sont beaucoup plus humaines et les enfants bénéficient de soins individuels", a déclaré à l’AFP le représentant de l’Unicef en Roumanie, Edmond McLoughney.

"Tout n’est pas parfait, certes, car la réforme prend du temps, mais les progrès sont impressionnants", a-t-il ajouté, en soulignant l’effort conjugué des autorités et des ONG.

Les grands orphelinats qui regroupaient jadis jusqu’à 200 enfants ont été remplacés par des maisonnettes "où l’on essaie de recréer une atmosphère familiale", renchérit Claudia Rosioru, directrice de l’autorité pour la protection de l’enfance de Buzau.

"Sous le communisme, seuls les enfants génétiquement aptes survivaient. Aujourd’hui, notre objectif est de nous pencher sur les besoins spécifiques de chacun d’entre eux, afin de leur donner des chances égales", explique-t-elle.

La réforme ne relève pas uniquement de l’amélioration des conditions dans les foyers, mais aussi de choses beaucoup plus simples mais "très profondes", ajoute M. Rosioru : "Nous avons commencé à appeler les enfants par leurs prénoms".

Abandonnée à la naissance par sa mère, Iulia, 11 ans, large sourire éclairant son visage, est la "vedette" d’un foyer de Targu-Jiu (sud-ouest), construit en 2003 par l’association française Solidarité enfants roumains abandonnés (SERA).

"A trois ans, elle ne marchait pas, ne parlait pas, à peine émettait-elle quelques sons", raconte à l’AFP le directeur de l’établissement, Dumitru Aribasoiu.

A part un léger handicap   moteur et quelques difficultés à prononcer des mots plus compliqués, tels "mathématiques", rien ne laisse deviner que la fillette, très sociable et qui est scolarisée, avait été jugée "irrécupérable" dans l’ancien grand orphelinat de la ville.

A Buzau, 69 adolescents abandonnés vivent depuis quelques années dans une dizaine d’appartements sociaux, loués par la protection de l’enfance locale. Florentina, une belle brune de 18 ans, assure "ne manquer de rien" dans le trois-pièces qu’elle partage avec six autres jeunes, qui tous suivent les cours d’un lycée local. Mais elle ajoute qu’elle aimerait un jour retrouver sa mère.

"Dans les années 1990, j’ai été choquée par le niveau de rejet de la part des voisins, des enseignants, des parents des autres élèves", confie Elena Dragomir, une enseignante qui s’occupe de ces adolescents.

"Aujourd’hui les gens ont compris que si on ne peut pas rendre aux enfants abandonnés leurs parents, on peut au moins leur offrir affection et confiance", dit-elle.


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 18 décembre 2009

LES BREVES
DE CETTE RUBRIQUE