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En Asie, la stigmatisation des homosexuels favorise la propagation du VIH/Sida



UN.org - 18 mai 2010 – Plus de 90% des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes n’ont pas accès à des programmes de prévention ou des traitements du VIH  /Sida   dans les pays d’Asie et du Pacifique. En raison des législations qui criminalisent ou stigmatisent ces pratiques, la prévalence du virus a atteint un niveau alarmant. Si les Etats ne changent pas leur législation, la situation déjà critique va encore s’aggraver, prévient le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Dans 19 des 48 pays de la région Asie-pacifique, les pratiques sexuelles entre hommes sont considérées comme criminelles. Dans les autres pays, d’autres dispositions législatives, appliquées de manières arbitraires ou inappropriées, débouchent sur des abus et des violations des droits de l’homme à l’encontre de ces individus. C’est la principale conclusion d’un rapport intitulé « Législation affectant la prévention du VIH  /Sida   chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les transsexuels en Asie et dans le Pacifique : un calendrier d’action ».

Présenté lundi 17 mai, à l’Université de Hong Kong, dans le cadre d’un « Dialogue sur les législations punitives, les droits de l’homme et la prévention du VIH  /Sida   en Asie et dans le Pacifique », organisé par PNUD, le Centre de droit comparé de l’Université de Hong Kong (CCPL) et la Coalition Asie-pacifique sur la santé masculine (APCOM), ce rapport conclu que cet état de fait empêche les interventions, la prévention, le soutien et l’assistance à ces populations, dont le taux de contamination atteint des niveaux alarmants.

Par exemple, à Bangkok, 29,3% des homosexuels, bisexuels et transsexuels sont contaminés, contre 1,4% de la population moyenne thaïlandaise. A Bombay, le chiffre avoisine 17%, contre 0,36% pour le reste de l’Inde. Le rapport montre également que les législations en vigueur, même quand elles ne criminalisent pas ces pratiques, sont souvent à la traîne par rapport aux politiques de prévention et de lutte contre le VIH  /Sida   qui peuvent être mises en place. Conséquence, l’efficacité des programmes destinés aux homosexuels, bisexuels ou transsexuels est extrêmement limitée.

« L’efficacité des réponses au VIH  /Sida   ne dépend pas seulement d’une augmentation sensible des campagnes de prévention et d’un meilleur accès aux traitements mais aussi de l’environnement social et légal qui soutient ou entrave ces programmes », a expliqué le Chef du groupe sur les Droits de l’homme et de la diversité sexuelle au PNUD, Mandeep Dhaliwal. Il a donc appelé les Etats à adapter l’environnement légal et social à la réalité, pour assurer aux programmes de prévention et de lutte contre le VIH  /Sida   un plus grand impact.

Pour appuyer cet appel aux Etats d’Asie-pacifique, le rapport du PNUD met en avant des exemples récents d’amélioration de l’environnement légal. Il cite notamment plusieurs décisions de justice rendues au Fidji, en Inde, au Népal, à Hong Kong, au Pakistan, aux Philippines et en Corée du sud, mais regrette que celles-ci restent encore des exceptions. Considérant que c’est désormais une nécessité critique, le PNUD demande des actions plus fortes de tous les Etats, en particulier le développement de partenariats et d’alliances entre communautés affectées, professionnels de la justice, institutions de défense des droits de l’homme, parlementaires et hommes politiques.

Constitué de juges, de parlementaires, de représentants de la société civile et des agences de l’ONU  , le panel d’experts qui participait à la conférence du PNUD à Hong Kong a aussi rappelé les bienfaits de la création d’un cadre légal adapté. Il permet de diffuser en toute liberté des messages préventifs et des offres de prises en charge. Ce cadre renforce également la confiance de ces personnes souvent marginalisées et vulnérables « quand il s’agit d’accéder à l’information et aux soins ».

« Il n’est pas possible d’exclure ces gens, au prétexte que certains individus les perçoivent comme « déviants » ou « différents ». Si les sociétés font preuve de compréhension, ces personnes peuvent vivre dignement, sans discrimination », a rappelé de son côté l’ancien juge à la Haute Cour de New Delhi, en Inde, Ajit Prakash Shah.


Publié sur OSI Bouaké le mercredi 19 mai 2010

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