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Auxiliaires de vie scolaire : l’Etat oublie les élèves handicapés



Rue89 - Villeurbanne | Enseignants | 12/12/2010 |

Suite à la loi du 11 février 2005, dite « loi handicap   », l’école est tenue de scolariser les enfants en situation de handicap   dans les classes ordinaires.

Après évaluation des besoins par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), la loi prévoit le recours à un AVS (Auxiliaire de vie scolaire) pour accompagner la scolarité de ces enfants en milieu ordinaire.

L’AVS accompagne l’enfant dans ses apprentissages en collaboration avec l’enseignant.

Dans notre groupe scolaire, comprenant 29 classes et environ 850 élèves, quinze élèves ont reçu une notification d’AVS et sont en attente d’un AVS depuis le mois de septembre.

Nous avons relancé maintes fois l’Inspection académique et le Pôle emploi qui gère le recrutement des AVS depuis cette année. A ce jour, aucun enfant ne bénéficie de cet accompagnement…

Nous réclamons que la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005 soit appliquée.

Valérie : « La classe entière est pénalisée par l’absence d’AVS »

« Eric aujourd’hui scolarisé en CP a reçu une notification d’AVS à mi-temps en grande section de maternelle. Il a été suivi par une AVS toute l’année dernière. Le contrat de cette dernière s’est arrêté en fin d’année.

A ce jour, le 24 novembre 2010, alors que la notification a été renouvelée, aucun AVS n’a été nommé. Depuis trois mois cet enfant qui présente des troubles de comportement, des problèmes de concentration et relationnels, ne reçoit aucune aide en classe.

Cet enfant a besoin d’être sollicité, apaisé, relancé dans la tâche. Il a besoin d’une ré- explicitation des consignes et d’une présence de tous les instants pour rester concentré. Il a besoin d’une aide particulière pour écrire.

En aide individualisée, il progresse et évolue mais lorsqu’il se sent déstabilisé, par les apprentissages ou par des situations particulières (sorties, autres intervenants) il peut être perturbateur. Il requiert une attention particulière et intense qui se fait au détriment souvent des aides qui pourraient être apportées aux autres élèves.

C’est non seulement lui qui est pénalisé, mais aussi la classe entière par l’absence d’AVS.

Récemment, il a mis le reste des élèves en situation critique, voire dangereuse lors de sorties scolaires. Lors d’une visite au musée et après plusieurs remarques du guide, Eric s’est braqué et mis en retrait, il a ensuite refusé de poursuivre la visite et j’ai du le poursuivre dans le musée en laissant les autres élèves. Cette situation s’est renouvelée en extérieur (Parc de la tête d’or).

Il est évident que pour les prochaines sorties (course d’orientation, cinéma, théâtre) sa présence ne sera effective que lors de la présence de l’AVS.

Je réclame donc le droit, pour cet enfant et pour tous les enfants de la classe, à l’application correcte de la loi d’intégration. »

Isabelle : « Notre crédibilité est en jeu ! »

« Enseignante en RSS depuis la rentrée 2010, ma classe de CE2 compte 21 élèves dont deux en attente d’un Assistant de vie scolaire. Les notifications (deux fois douze heures) ont bien été envoyées aux familles en début d’année, mais aucune intervention n’a encore eu lieu à ce jour.

Le temps passe et la situation devient critique pour ces deux élèves. Cette absence, cette incertitude sont désormais sources d’angoisse et d’inquiétude.

Arthur est un petit garçon qui bénéficiait d’un AVS depuis la maternelle. La confiance gagnée doucement par cet élève depuis des années est en train de s’étioler et le travail effectué avec ce garçon est réduit à néant. Le sentiment de gâchis est énorme.

Arthur est en souffrance. Il attend, jour après jour, la venue de son AVS. En vain… Cette souffrance se traduit par une agitation et une agressivité grandissantes qui perturbent quotidiennement le bon déroulement de la classe. Face à une difficulté, mon élève perd son calme, s’énerve et s’emporte.

Une autre petite fille est aussi dans l’attente. Toute l’équipe éducative s’accorde à dire que des progrès s’amorcent. Malgré tout, Myriam a besoin d’un accompagnement individualisé pour l’aider à s’organiser dans son travail et à canaliser son énergie souvent débordante. L’AVS, là encore, manque cruellement !

Face à ces dysfonctionnements, des élèves souffrent au quotidien. Ils nous font confiance et nous n’avons pas le droit de les décevoir. Nous ne pouvons en aucun cas les laisser au bord du chemin en ne tenant pas nos promesses… Notre crédibilité est en jeu ! »

Claire : « Des conséquences aussi pour les parents »

« Marianne est une élève nouvelle dans l’école, elle est en situation de handicap   et est scolarisée en grande section de maternelle.

L’année dernière, elle était accompagnée d’une AVS qui l’aidait à canaliser son comportement et à supporter les situations de classe parfois angoissantes pour elle. Cette aide aurait dû être reconduite cette année puisque Marianne bénéficie à nouveau d’une notification qui lui donne droit à la présence d’une AVS douze heures par semaine sur les dix-huit heures de scolarisation prévues pour elle pour l’instant.

Or, à ce jour, nous attendons toujours que la loi soit respectée et donc quelqu’un pour elle.

Cette absence rend sa scolarisation difficile : elle demande une attention particulière pour les tâches scolaires comme pour les moments de vie quotidienne encore nombreux en maternelle, attention que je ne peux pas toujours lui fournir comme je le devrais.

De plus, je ne peux l’accueillir que douze heures au lieu des dix-huit prévues, ce qui a des conséquences sur sa scolarité mais aussi pour ses parents qui doivent s’organiser et attendre avec angoisse l’aide prévue. »

Dans la situation actuelle, nous constatons que le manque de moyens humains rend l’intégration des élèves handicapés dans les classes ordinaires difficile et contre productive pour tous les enfants.


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Publié sur OSI Bouaké le lundi 13 décembre 2010

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